Linguistique : TDX n°2 Le signe : Un panneau, un geste, une grimace, un mot, les nuages, peuvent être des signes. Il y a signe à partir du moment où il y a représentation d’autre chose. Il faut nécessairement un récepteur à ce signe capable de l’interpréter et de lui attribuer un sens. Ce sens ne peut être interprété qu’à condition de posséder des connaissances antérieures. (ex : pour interpréter le fait que la fleur de lys représente la royauté, il faut avoir des connaissances socioculturelles). Le signe met donc en relation trois éléments : un émetteur, un récepteur et le monde. Il faut un code commun à l’émetteur et au récepteur pour comprendre le signe. On a à la fois un processus de communication (émetteur-récepteur) et de représentation (signe-élément du monde). Il y a des signes qui ne supposent pas de volonté de communication : les indices (les nuages par exemple). Dans ce cas il n’y a qu’une interprétation du récepteur. C’est le récepteur qui transforme l’indice en signe (symptôme). S’il n’y a pas de récepteur, il n’y a pas signe. On s’intéresse à ceux qui ont une volonté de communication : les signaux. Pour certains, il y a une notion de ressemblance entre le signe et ce qu’il représente. On ne retient que les traits les plus pertinents, ce sont des icônes. D’autres signaux admettent une analogie d’ordre logique entre le signe et ce qu’il représente (ex : balance pour la justice, colombe pour la paix), ce sont des symboles. Le symbole a une double existence : il représente un objet du monde et renvoie à autre chose (sens propre et sens figuré). On trouve des icônes et des symboles dans la langue (ex : un virage en épingle à cheveux est une icône et un pull à col en V, un symbole). La dernière catégorie de signaux sont les signaux. Ce sont tous les autres signes où la relation signe-élément de la réalité est arbitraire et conventionnelle. Le signal doit être décodé, ce qui implique un apprentissage préalable. Il est composé de deux parties : le signifiant (Sa) et le signifié (Sé). (ex : un acquiescement de la tête pour dire « oui » ou les signes linguistiques sont établis par des conventions culturelles). Le signe linguistique : Il suppose, comme vu ci-dessus, une volonté de communication et une relation du signe avec le monde qui est arbitraire. Le signe linguistique est une unité à deux faces indissociables : - Le signifiant : une partie matérielle grâce à quoi le signe se manifeste, c’est l’expression du signe qui prend la forme d’un phénomène acoustique (oral) ou visuel (écrit). - Le signifié : la partie immatérielle, c’est le contenu en relation avec la partie matérielle et correspondant au sens contenu dans le signe (idée, concept, sens). C’est une représentation mentale abstraite (ex : l’expression « chien » n’évoque pas un chien en particulier mais l’idée général, abstraite, le concept de chien). Le signe n’unit non pas un son et une chose, mais une expression et ne contenu, un signifiant et un signifié. (Par exemple : /arbr/ expression Sa => Signe ) « arbre » contenu Sé Une suite de son n’est un signifiant que si elle est associée à un signifié. (/arbr/ n’est un signifiant que parce qu’on peut lui associer le concept « arbre » ; Ce qui n’est pas le cas de /rabr/). Signifiant et signifié s’évoquent l’un l’autre. On ne peut pas passer par l’un sans penser à l’autre. On ne peut pas changer l’un sans changer l’autres. (ex : /pu/ « pou » si on change en /bu/ on aura pas la même évocation, le renvois sera fait à autre chose : « boue »). La nature du signe : Arbitraire : Il est arbitraire à deux niveaux : - Entre le signe et le monde. Il n’y a aucun rapport naturel entre le signe et ce qu’il représente. La réalité que le signe représente est le référent. - Entre le signifiant et le signifié. Les éléments du signifiant ne varient pas en fonction des éléments du signifié dans lequel ils apparaissent. (ex : le /t/ de /tu/ est le même que celui de /tur/ ou de /tapi/ pourtant il n’y a pas de rapport). Cela permet de n’avoir qu’un petit nombre de sons pour communiquer par signes linguistiques. Conventionnel : Il est imposé par la société, non-libre. Il s’impose comme nécessaire au sujet parlant car la langue est un héritage social et culturel. Le signe est présent dans la conscience de l’individu avec son signifiant et signifié inséparables (imprimés ensembles). L’ensemble des signes est pris dans une double série de renvois : - Au référent : dans le monde extra-linguistique. - Les uns aux autres : les signes sont pris dans un réseau formel (ressemblances entre certains mots : arbre et marbre par exemple) ou sémantique (liens de sens : arbre et feuille par exemple). Le signifié n’est pas la même chose que le référent. Le référent n’est qu’un fragment de la réalité (un arbre qu’on observe par exemple). Le signifié est une représentation ce cette réalité (l’ensemble des arbres, sans tenir compte de leurs différences), c’est une abstraction qui simplifie la complexité du réel. D’un individu à l’autre le signifié varie, en fonction de l’expérience de chacun (le signifié de « neige » n’est pas le même pour un individu quelconque que pour un météorologue par exemple). Les signes linguistiques entretiennent entre eux des relations car la langue est un système (ensemble organisé d’éléments entretenant des relations entre eux ; comme la famille par exemple avec le père, la mère et les enfants qui entretiennent chacun des relations entre eux et où chaque élément n’a de valeur que par rapport aux autres éléments du système). La langue étant un système, les signes n’ont de valeur que par rapport aux autres signes linguistiques. Le signe va prendre sa valeur par des rapports associatifs qui s’établissent de signifiant à signifiants (rapport phonique : arbre / marbre ; morphologique : fermement / lentement / lenteur) mais aussi de signifié à signifié (sens : ferme / solide ; différence : ferme / mou). L’organisation sémantique du lexique peut prendre deux formes : - L’étude des champs sémantiques (ex : le champ sémantique de « sentiments » fait correspondre à cette notion un champ lexical : haine, amour, passion…) : pour faire une analyse sémantique on va chercher la différence entre les termes du champ lexical, les traits oppositifs / sémantiques ou sèmes (ex : à âne, ânon, ânesse correspondent les sèmes /mâle/, /petit/, /femelle/). - L’étude des relations lexicales : il peut y avoir plusieurs signifiant pour un seul signifié (synonymes : voiture, automobile) ou encore un signifiant pour plusieurs signifiés (homonymes : ver, verre, vert ou polysémie : femme admet le sens du contraire de l’homme et de l’épouse). Pour les couleurs, une couleur peut avoir plusieurs signifié différent selon les différents systèmes dans lesquels elle y apparaît (ex : rouge ≠ vert dans le code de la route, rouge ≠ bleu en politique et sur les robinet, rouge ≠ blanc pour les vins). |