Linguistique : TD X n°1

Marie LEROY

Introduction :

Le langage est un outil de communication. La langue, par contre, est plus spécifique car elle correspond à un nombre d’individus plus restreint.

L’arbitraire des langues :

Supposons une lune contemplée par quatre planètes différentes (A, B, C et D).

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Les habitants de chaque planète ne parlent pas tout à fait de la même chose tout en parlant du même objet.

Si on réuni les habitants de chaque planète, ils ne sauront pas qu’ils parlent de la même lune car ils ne voient pas la même chose (différences de couleurs).

De même, les différentes langues parlent du même objet mais pas du même point de vue. Elles nomment le même monde mais n’expriment jamais tout à fait la même expérience de celui-ci.

Quelques citations :

« Le vin que nous voyons rouge, le Grec et l’Italien le voient noir (et Lamartine a écrit : le vin est bleu, la nappe est sale). » Mounin.

« Tout système linguistique renferme une analyse du monde extérieur qui lui est propre et qui diffère de celles d’autres langues. » Humbolt

« Selon une conception fort naïve mais assez répandue, une langue serait un répertoire de mots, c’est à dire de productions vocales ou graphiques, chacune correspondant à une chose. » Martinet

On ne peut pas dire qu’une langue est plus riche qu’une autre. Chaque culture a sa propre vision du monde et par conséquent sa propre langue.

Exemples :

-          En français on a deux mots pour illustrer une même réalité : brun et marron alors qu’en anglais on n’a que brown.

-          De même pour désigner un mouton en anglais on a sheep (l’animal vivant) et mutton (la viande).

Des signes linguistiques ne correspondent pas à des étiquettes désignant des éléments affectés à la réalité. Ils dépendent des besoins de la communauté linguistique.

Exemples :

-          En français on a une seul mot pour désigner la neige alors que pour les esquimaux il y a une vingtaine de termes pour désigner les différents états de la neige).

-          En français on fait la distinction entre le fleuve et la rivière alors qu’on anglais non : river se réfèrent à tous les cours d’eaux.

-          En français le mot bois désigne beaucoup de choses (matériau, lieu, bois du cerf…) alors qu’en danois les différents sens sont désignés différemment : trae (l’arbre et la matière), tømmer (bois de charpente), skov (lieu planté d’arbres) et braende (bois de chauffage). Il en va de même avec l’espagnol (bosque pour le lieu, madera pour la matière et leña pour le bois de chauffage) ainsi que pour l’italien (bosco pour le lieu, legno pour la matière et legnare pour le bois de charpente).

-          Toujours en français, six nuances de couleurs (sombre, noir, bleu, gris-bleu, bleu-noir et vert) ne sont représenté que par un seul mot en chinois (ts’ing) et en grec (kuanos)

-          Si on prend le spectre solaire on distingue le violet, le bleu, le vert, je jaune, l’orange et le rouge. Pourtant en breton et en gallois il n’y a qu’un seul terme pour désigner le bleu et le vert : glas. Dans d’autres langues une partie du bleu et le jaune correspondent au vert. Dans d’autres encore, il n’existe que deux couleurs correspondant aux deux moitiés du spectre.

-          En hébreux on fait la distinction entre le noir, le blanc et le rouge mais pas entre le vert et le jaune. Le classement de base se fait par la distinction de couleurs sombres et brillantes, alors qu’en français c’est entre les couleurs froides et chaudes.

-          Dans une langue indienne sacrée on a  les couleurs  correspondant au blanc, noir, jaune, rouge, brun et couleur bigarrée. Il n’y a pourtant qu’un seul mot pour désigner le noir et le bleu ainsi que le jaune et le vert.

-          En grec, le mot concernant un jaune tirant sur le vert est le même que pour un rouge.

-          En latin on distingue le blanc (albus) du blanc brillant (candibus) et entre le noir (ater) et le noir brillant (miger) ; Par contre il n’y a qu’un seul mot (purpureus) pour désigner l’arc en ciel et la neige.

Le découpage de la réalité en mot a été fait de façon arbitraire (sans raison particulière, en opposition à la façon motivée). Le rapport entre le signe linguistique et la réalité qu’il désigne n’est pas direct.

Le découpage du monde en mots relève d’un choix de chaque culture en fonction des besoins de chaque communauté linguistiques. Dans chaque culture il y a un système de code (linguistique, de la route…) qui sont fixés de manière arbitraire et conventionnelle.

(Tout ceci engendre des problèmes de communication et de traduction).

Exemple :

-          En chinois, les couleurs de bases (vert, blanc, rouge, noir, jaune) sont découpées en fonction des caractéristiques sociales, en rapport avec les cinq éléments, les cinq tons musicaux, les quatre saisons, et les cinq points cardinaux (ceux qu’on connaît et le zénith).

Sapir et Whorf (linguistes et anthropologues américains) ont formulé l’hypothèse Sapir-Whorf selon laquelle chaque langue (ou groupe de langues) est liée à une certaine représentation du monde.

Chaque culture a donc ses propres codes qui ne sont pas forcement projetables sur ses voisines.

Exemple :

-          L’expression du pluriel est plus ou moins complexe selon les langues. En français on le distingue alors qu’en chinois c’est le contexte qui permet de le déterminer. D’autres langues utilisent le singulier, le duel (deux) et le pluriel. Selon les langues, la catégorie du pluriel put être facultative, grammaticale, syntaxique (ordre des mots) ou encore lexicale (mots différents au singulier et au pluriel).

 

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