Psychologie du développement : TD n°1 Reconnaissance des visages Un intérêt pluridisciplinaire : - Psychologie du développement : moyen de communication non verbal préalable au langage. - Psychologie cognitive : le visage apparaît comme une classe spécifique de stimulus nécessitant donc un traitement cognitif spécifique. - Neurosciences cognitives : fonction hémisphérique spécialisée. - Ethologie / Théorie de l’évolution : fonction sélectionnée au cours de l’évolution des espèces. Traitement global ou analytique ? A partir de 6 mois, le bébé fait la différence entre visage et humain et animal. Il y a ensuite un traitement qui cherche à savoir si le visage est connu ou nouveau. Deux modèles de reconnaissance du visage existent : - Modèle en traits et configuration de traits (Young et al., 1987) : valeur des traits (yeux, bouche, visage) et leurs positions respectives. - Modèle de traitement holistique : visage perçu comme un tout. Tanaka et Farah (1993) ont fait l’expérience « part-whole method » où un trait isolé est mal reconnu. Young et al. (1987) ont montré que l’identification est perturbée si les visages sont inversés et meilleure si on décale un visage composite (en séparant les parties). Traitement spécifique ? Spécialisation hémisphérique ? Les études neurologiques de Farah (1988) montrent que les visages sont perçus comme un tout complexe et singulier alors que les objets peuvent être décrits en éléments différents. Les traitements sont donc différents. Deux arguments vont dans ce sens : la reconnaissance des visages inversés est beaucoup plus longue que pour des objets inversés et un trouble de la reconnaissance des visages uniquement existe (la prosopagnosie : lésion temporale spécifique). Des études neuropsychologiques (De Schonen et Mativet, 1989 ; 1990) montrent que chez des bébés de 4 mois, il y a meilleure reconnaissance des visages dans l’hémichamp visuel gauche. Il y a donc un biais hémisphérique à droite. Des études en neuro-imagerie montrent que le gyrus fusiforme (situé dans l’hémisphère droit) est plus activé lors de la reconnaissance de visage. La méthode des potentiels évoqués ou ERP (event-related-potentials) va aussi dans le sens d’une spécialisation hémisphérique : grâce à un électroencéphalogramme on mesure l’activité cérébrale de bébés et dans le cas de présentation de deux visages étrangers on a la même activité cérébrale alors que lorsqu’on présente un visage de la mère, cette activité devient plus importante dans le lobe temporal. Les reconnaissances des visages et des objets sont donc deux processus différents. Le cortex temporal (biais hémisphérique à droite) joue un rôle dans la reconnaissance des visages à travers le gyrus fusiforme (reconnaissance des visages) et les amygdales (reconnaissance des expressions faciales). La spécialisation hémisphérique intervient dans le développement de la reconnaissance des visages car elle permet un traitement spécialisé des composantes locales et configurales. Origine innée ou acquise ? La reconnaissance des visages est présente à la naissance mais se spécialise avec le développement : fonction adaptative inné qui s’affirme avec l’expérience. La thèse évolutionniste, qui veut que ce soit une fonction adaptative sélectionnée au cours de l’évolution, est appuyée par trois arguments : Cette fonction est présente chez les primates humains et non-humains : Les études comportementales de Pascalis (1998) montrent que la reconnaissance d’objet est aussi bien réussie chez l’homme que chez le singe, que la reconnaissance de visage humains est mieux réussie chez l’homme que chez le singe et qu’inversement, les visages de singe sont mieux reconnus par le singe que par l’homme. La reconnaissance des visages a donc une origine phylogénétique. Elle est présente très précocement chez l’enfant : Des études développementales montrent que l’expérience des visages n’est pas nécessaire pour développer cette capacité (Pascalis et De Schonen, 1994). - Avant 2 mois, il y a différence entre visage de la mère et d’un étranger. - Vers 4 mois, il y a meilleur reconnaissance à l’endroit qu’à l’envers (Fagon, 1972). - Entre 3 et 7 mois, la discrimination mère-étranger est plus robuste. Elle est prise en charge par des tissus neuronaux spécifiques : Des études neurologiques chez des bébés cérébro-lésés montre l’absence de plasticité / réorganisation possible chez eux malgré une expérience des visages. L’aire lésée n’est donc pas relayée et il y a bien implication de tissus neuronaux spécifiques. La reconnaissance des visages existe donc de façon innée et connaît un développement ontogénétique qui commence tôt après la naissance et s’affine tout au long de l’enfance. Cependant, on ne demande pourquoi cette capacité si importante présente si peu de plasticité. Thèse de Nelson : Selon lui, il y a spécialisation corticale avec l’expérience des visages le plus souvent rencontrés, ce qui entraîne la formation d’un prototype (cf. texte et fiche de lecture). |