Psychologie clinique : TD n°2

M. Klein – « Les racines infantiles du monde adulte »

Biographie :

Mélanie Klein (1882 – 1960) est fille de médecin. Elle a vécu des pertes successives dans sa vie et a été en très grande souffrance psychologique. Elle commence une analyse avec Ferenczi puis avec Abraham. Avec la technique du jeu, elle interprète par le transfert  le monde inconscient du très jeune enfant. Elle termine ses travaux en Angleterre où elle finit de développer sa théorie sur les positions schizo-paranoïde et dépressive.

Angoisse de persécution, introjection et projection :

Dès la naissance, il existe selon elle un moi capable d’éprouver de l’angoisse, d’employer des mécanismes de défense et d’établir des relations primitives d’objet dans le fantasme et la réalité. Mais ce moi est immature, inorganisé. Dès le début, l’angoisse est due à un conflit entre pulsions de vie et pulsions de mort et elle se transforme en crainte d’être persécuté, c’est l’angoisse de persécution.

La projection et l’introjection sont des mécanismes de défense résultant de fantasmes inconscients. L’introjection est l’intériorisation, principalement des éléments gratifiants, satisfaisants, provenant du monde extérieur. La projection est, au début, la tentative de l’enfant de se débarrasser de ses frustrations vécues comme persécutrices. Mais il peut aussi y avoir projection d’éléments positifs et introjection d’éléments négatifs. Cette séparation de l’angoisse et la captation du « bien-être » va entraîner le clivage : séparation entre bonne et mauvaise mère (la bonne étant idéalisée et la mauvaise perçue comme persécutrice). Le clivage sépare aussi bien les pulsions que les objets pour permettre de vaincre les angoisses de persécution.

La position schizo-paranoïde et dépressive :

C’est dans cet état qu’on parle de position schizo-paranoïde (3-4 premiers mois) : il y a prédominance des pulsions de mort, angoisse de persécution et clivage. L’avidité et l’envie jouent un rôle important. M. Klein distingue les enfants qui arrivent à se rassasier après une frustration, éprouvant de la satisfaction et de la gratitude, de ceux qui ne sont jamais satisfaits et font perpétuellement preuve d’envie, qui est destructrice. Le tout petit a ainsi sa propre dynamique dans la relation d’objet et il y a beaucoup de différences individuelles aussi bien internes que dans l’environnement. L’enfant désire être compris et aimé et c’est de là que vient la relation particulière.

Puis vient la position dépressive (5ème mois environ) : l’enfant sent de plus en plus que le bon objet et ses pulsions de vie sont plus forte que le mauvais. Il aura donc moins peur de ces pulsions mauvaises et attaques imaginaires, et a moins besoin de les projeter. Il aura ainsi moins peur de leur retour agressif. Le nourrisson se reconnaît comme un objet total par rapport à se mère, autre objet total, plus proche de la réalité. Comme il ne se rend pas compte de la différence entre ses fantasmes et la réalité, il aura peur d’avoir abîmé l’objet maternel. Les angoisses persécutrices s’effacent au profit d’angoisses de type dépressives : l’enfant a peur que ses pulsions anéantissent l’objet, dont il dépend entièrement (car il est aussi bon). Cette position entraîne une attitude d’amour et des tendances réparatrices (premiers vrais blottissements et « dons » à la mère). C’est à cette période que naît le surmoi précoce de l’enfant.

Racines infantiles du monde adulte :

L’intériorisation du bon permet d’être heureux à la place de l’autre et ainsi de ne pas dépouiller l’autre par envie. Cette capacité de satisfaction et de relation de confiance est très liée à celle d’être satisfait et la gratitude dans la relation à la mère. Ne pas être empli d’envie et une bonne introjection du bon objet maternel permettent ainsi un développement plus sain et une relation plus confiante avec le monde, selon M. Klein.

L’avidité, à la source de l’ambition, peut être mise au service des autres (bon leader) ou non (recherche de pouvoir et de prestige), encore une fois, selon les intégrations précoces. Les positions peuvent être « réactivées » dans des phases importantes de la vie.

Les fantasmes et représentations infantiles jouent donc, pour M. Klein, un rôle essentiel dans le développement de la personnalité par l’influence continue de l’inconscient.

 

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