Psychologie clinique : CM n°7&8

Développement de l'enfant

Le futur enfant est investi de façon narcissique et de façon objectale. Cette bipolarité est présente chez tous.

Un exemple d’investissement narcissique est l’amour que les parents portent aux enfants. Il s’agit d’un amour narcissique car il reflète un prolongement de « soi », on place des « attentes » chez le bébé. Cet investissement parental est ambivalent car tout parent aime ses enfants tout en éprouvant des sentiments négatifs à son égard. Winnicott parle de « la haine contre le contre-transfert ». Il évoque les raisons qu’une mère ait pour haïr son enfant. Au début, toute mère haïrait son enfant car il n’est pas le produit de sa conception mentale, n’est pas l’enfant de ses fantasmes oedipiens (père / frère), est un danger pour son corps, interfère dans sa vie privée (perte de liberté, d’indépendance) etc. Il y donc ambivalence des sentiments.
« Je désire être enceinte » est aussi une composante du narcissisme. L’enfant est attendu pour compléter une faille narcissique de la mère. L’enfant est « gommé » en tant que sujet. La composante objectale irait plutôt dans le sens « je veux avoir un enfant » où l’accent est mis sur le fait d’avoir un individu, en tant que sujet et qui va être aimé pour lui-même.

Quand la composante narcissique est plus importante, il y a plus de risque chez les parents d’être déçus car l’enfant « imaginaire » est différent du réel. Lorsque c’est la composante objectale qui est plus importante, l’enfant est investi tel qu’il est, est aimé comme « différent » par les parents. Les parents doivent accepter cette différence, que l’enfant ait ses propres désirs (relation plus saine) lui permettant d’avoir une autonomie progressive. Ce qui importe est ce que l’enfant fait de ce qu’on lui a fait (lien de cause à effet). Néanmoins, le concept de résilience introduit la possibilité de faire quelque chose de positif malgré une expérience traumatique vécue.

A la deuxième année, l’enfant commence à acquérir une certaine autonomie s’appuyant sur un développement musculaire permettant certains contrôles (sphinctériens par exemple). De plus, il va commencer à marcher et acquérir la notion de propreté. A ces changements, l’environnement va être plus ou moins tolérant. L’investissement libidinal est différent de la phase orale des premiers temps. La source d’excitation est la muqueuse anale et la zone intestinale. Le but de la décharge pulsionnelle est recherché dans l’expulsion / rétention des matière fécales. Au cours de cette période, ces matières fécales sont perçues comme partie du corps propre de l’enfant et en même temps une monnaie d’échange avec l’entourage.
Ce plaisir explique certaines composantes psychiques liées au fait qu’expulser est considéré comme détruire l’objet (agressivité) et conserver c’est tout le jeu avec le maintien, le fait de garder le contrôle sur quelque chose.

Ces deux principes renseignent l’enfant sur ses limites du corps et lui donnent un pouvoir sur l’entourage (on le félicite par exemple). De plus, inconsciemment, cette « transaction » rend l’enfant fier de son autonomisation ou peut provoquer un conflit si la mère veut « tout contrôler ». L’attitude de l’entourage dans ces situations peut donc lui donner un sentiment valorisant ou le contraire.

Le jeu est également un geste symbolique : il symbolise l’agression envers un objet frustrant car l’enfant passe d’une position passive à une position active. Il occupe cette position pour lui-même, vers l’autonomie car on « s’oppose » à lui. La deuxième année étant aussi une période où il y a possibilité d’apparition du « je », le jeu prépare aussi l’accès au langage (autonomie, position fictive, symbolisation). Il va développer sa capacité de maîtrise d’objet et sa capacité de symbolisation et de développement du « je ».

Les troubles relationnels durant cette période se traduisent par la difficulté à utiliser le « je ». Cette étape prépare l’accès au langage. Il y a continuité entre la capacité à jouer et la capacité à accéder au langage. Le langage est une étape importante car tout enfant est élevé « dedans ».
La lallation est les bruits articulatoires que le bébé va produire et reproduire pour se faire plaisir. Le registre des phonèmes à la naissance est plus large qu’après l’apprentissage du langage (on « désapprend »). Cette lallation n’est pas encore considérée comme communication.

Durant la deuxième année, il y a présence, ou pas, de phobies normales. Cette apparition est la preuve du développement des représentations mentales et changements de l'équilibre interne de l'enfant. S'endormir est une séparation, équivalent d'une perte d'objet. L'enfant lutte donc contre le sommeil pour lutter contre cette séparation ou se réveille durant la nuit. A cette période apparaît fréquemment la peur du noir.
L'élaboration de la séparation avec la mère est associée avec la vue de cette dernière (ne plus voir la mère provoque une angoisse). La peur du noir se transforme en phobie et apparaissent simultanément les peurs des gros animaux, des sorcières etc., phobies étant transitoires.

L'entrée à la maternelle suppose une séparation physique des parents. On attend de l'enfant des acquisitions sur son autonomie. L'enfant peur investir d'autres personnes et d'autres activités. Il peut donc éprouver du plaisir en l'absence des parents (la séparation est donc à la fois physique et psychique). Cette socialisation apparaît au moment ou l'enfant perçoit une double différence : des sexes et des générations. C'est la période du stade phallique.
Les enfants se rendent compte que les autres ne sont pas comme eux (garçons différents des filles). Cette prise de conscience précoce a pour conséquence de provoquer de l'inquiétude, malaise, angoisse chez les garçons qui se sentent vulnérables (peur de disparition de l'organe comme chez les filles). Chez les filles elle se traduit par des troubles narcissiques conséquents au fait de ne pas avoir ce que les garçons ont.

A la fin du stade phallique s'organise le complexe d'oedipe : apparition de sentiments hostiles pour le parent du sexe opposé et présence de sentiment tendre pour le parent de même sexe. Mais il y a aussi des sentiments tendre à l'égards du parents du sexe opposé. Il y a intensification des pulsions libidinales. Selon la théorie de Freud, à la fin du complexe d'oedipe, l'attachement oedipien pour la mère est rendu angoissant pour le petit garçon car il a peur du père (angoisse de castration). L'enfant prend conscience qu'il y a impossibilité physique (incompatibilité) de se comparer à l'adulte rival, ce qui engendre une certaines blessure narcissique.

L'identification au parent de même sexe permet le renforcement de la position rivale et intègre l'avenir d'adulte. La constitution du surmoi est "héritée du complexe d'oedipe". L'enfant a intégré l'interdit de l'inceste et du patricide (ainsi que la différence de sexe et de génération). C'est cette intégration des interdit qui constitue de surmoi. Au ça et au moi s'ajoute ainsi un relais d'interdictions parentales qu'est le surmoi. L'idéal du moi se mettra en place au cours de l'adolescence.

La période de latence est le début du travail de la puberté, nouvelle période de réactivité pulsionnelle. Cette période est relativement calme d'un point de vue pulsionnel et laisse l'espace psychique "libre" aux acquisitions (correspond à l'entrée au CP). La cause de cette période est le refoulement de la sexualité infantile (désirs oedipiens), ce qui explique l'amnésie avant cet âge. La libido objectale est tournée vers les autres et il y a un investissement narcissique important à cette période.

 

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