Psychopathologie : TD n°2

Etienne Esquirol (1772-1840)

Présentation de l’auteur :

Il fut l’élève et le continuateur de Pinel dans les premiers développements de la psychiatrie française. Il arriva à Paris en 1799 et fréquenta le service de son futur maître à la Salpetrière dès 1801. Il devint d’abord surveillant du service de Pinel en 1811 puis médecin en 1812. En 1825, il occupa la place de médecin-chef à la maison royale de Charenton où il resta jusqu’à la fin de sa vie.

Sémiologie et nosographie :

Sémiologie :

Esquirol distingue l’hallucination de l’illusion : " l’hallucination est un homme qui a la conviction intime d’une sensation actuellement perçue alors que nul objet extérieur n’est à portée de ses sens et l’illusion est une erreur de sens qui ne met pas en question la présence réelle du support de la perception ; il y a toujours impression actuelle des objets extérieurs ".

Nosographie :

Esquirol propose une classification basée sur l’observation rigoureuse et la clinique :

  • Lypémanie : la mélancolie est abandonnée et remplacée par la lypémanie, délire triste avec ses formes pouvant conduire au suicide.
  • Manie : délire général.
  • Monomanie : délire partiel limité à une seule idée.
  • Insuffisance du développement mental : idiotisme, imbécillité.
  • Démence : affaiblissement psychique.

Étiologie :

En 1805, Esquirol publie sa théorie : " des passions considérées comme causes, symptômes et moyens curatifs de l’aliénation mentale ". Pour lui, les passions sont la cause commune de l’aliénation. Il n’y a pas de différence de nature entre folie et passion mais seulement une différence quantitative. La folie est de la passion invétérée et la passion est l’émotion poussée à son extrême. Pour Esquirol, les passions appartiennent à la fois à la vie organique mais également au moral. Les causes physiques et morales sont réunies dans l’épigastre qui désigne métaphoriquement le lieu où se font sentir les impressions des passions.

Thérapeutique :

Esquirol propose de traiter l’aliénation morale pas une méthode dite perturbatrice : la secousse morale. Elle consiste à " casser l’association des idées, détruire leur fixité ". Esquirol reste dans la lignée de la persuasion de Pinel. Le traitement moral est pratiqué mais seules les notions d’autorité du médecin sur le patient ont été retenues. Par la suite, arriveront des traitements violents comme les douches ou les bains glacés.

Apports majeurs sur les plans administratifs et législatifs :

Esquirol jouera un rôle important sur les plans administratifs et législatifs, notamment dans la préparation de la loi du 30 juin 1838 (qui restera en vigueur jusqu’au 27 juin 1990). Cette loi prévoit que chaque département est tenu d’avoir un établissement public spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés. De plus, cette loi prévoit deux types d’internements :

  • Le placement d’office : c’est l’internement d’un malade qui compromet l’ordre public ou la santé des personnes, suite à un arrêté préfectoral. En cas de danger imminent, les commissaires de police et les maires pouvaient prendre des mesures provisoires à la charge d’en référer dans les 24 heures le préfet qui devait statuer.
  • Le placement volontaire : contrairement à son nom, c’est une hospitalisation forcée mais qui n’est pas ordonnée par une autorité publique mais à la demande de l’entourage (à l’heure actuelle, c’est l’hospitalisation par demande d’un tiers).

Cette loi a une double vocation : l’assistance et la protection des malades et de la société.

 

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