Psychopathologie : CM n°9

La psychiatrie dynamique

 

Les différentes significations prises par ce terme en neuropsychiatrie :

La première tentative thérapeutique par les forces inconscientes est faite par Mesmer avec la théorie d’un fluide physique : le magnétisme animal. La deuxième tentative est de Charcot à travers l’hypnotisme. Pierre Janet va introduire la notion de subconscient et l’explore à l’aide d’une méthode d’analyse psychologique. Freud va mettre l’accent sur la notion d’inconscient et sa puissance cachée et la considérer comme la partie essentielle du psychisme. C’est à Freud que revient le mérite d’avoir étudié scientifiquement la relation médecin / patient.

Genèse de la psychiatrie moderne :

Mesmer (1736-1815) :

Il est contraint de quitter l’Autrique pour ses pratiques et part à Paris où il propage ses théories sur l’existence d’un fluide universel. La maladie provient d’un déséquilibre dans la distribution de ce fluide. Le magnétisme provoque des crises convulsives qui permettent une redistribution harmonieuse de ce fluide. Il procède par attouchement ou passe magnétique. Il utilise un baquet pour des séances collectives. Il interdit le dialogue verbal au profit du dialogue somatique. Des commissions vont progressivement interdire ce procédé aux vues des pratiques érotiques qui pouvaient avoir lieu.

Puysegur (1751-1825) :

C’est l’élève le plus réputé de Mesmer. Il découvre le somnambulisme magnétique pour amener le patient a un grand état de docilité tout en permettant d’être un interlocuteur. Il n’utilise pas cet état pour évoquer des conflits passés.

De Villiers (1765-1815) :

Il veut manier la relation entre thérapeute et patient. C’est l’auteur d’un roman, " le magnétiseur amoureux ", qui dit que c’est la relation elle-même qui est un facteur de guérison. Cette guérison est due à la rencontre de deux passions : celle de l’individu d’être guéri et celle du médecin de guérir. On passe, avec lui, du magnétisme à la suggestion.

Faria (1755-1819) et Bertrand (1795-1831) :

Faria est un abbé portugais parti à Paris en 1813. Il déclare qu’aucune force particulière n’émane du thérapeute mais tout se passe dans l’esprit du sujet. Sur le plan technique, il utilise la fixation du regard sur un objet donné pour endormir. Bertrand considère que la cause principale des phénomènes somnambuliques est à rechercher dans l’imagination du sujet et non dans elle du magnétiseur.

Braid (1795-1860) :

C’est un chirurgien anglais qui s’est battu contre le magnétisme. Il récuse la théorie du fluide et la remplace par une théorie psycho-physio-neurologique. Une stimulation (physico-psychique) de la rétine agit sur le système nerveux du sujet et produit un sommeil nerveux appelé hypnotisme. Il s’en sert comme forme anesthésique pour les opérations.

L’école de Nancy – Liébault et Bernheim :

Entre 1860 et 1880, le magnétisme animal est vivement critiqué. Liébault est un des rares à continuer d’utiliser l’hypnose. Dès l’instant où le patient est hypnotisé, il lui assure que son symptôme a disparu. Il va être considéré comme un charlatan fou (car il soignait gratuitement). Bernheim, grand médecin, entend parler des réussites de Liébault et le rejoint. Il vont diriger ensemble l’école de Nancy.

Charchot et l’école de la Salpêtrière :

Charchot soutient que l’hypnose n’est qu’un symptôme de l’hystérie (contrairement à Bernheim qui pense qu’elle est un effet de la suggestion et non un état pathologique). Il utilise l’hypnotisme comme une technique d’investigation. Il distingue trois stades dans cet état :

La léthargie : " état de sommeil invincible et profond ".

La catalepsie : " état caractérisé par une rigidité musculaire particulière, dite plastique ".

Le somnambulisme : " comportement moteur automatique plus ou moins complexe et adapté, se produisant pendant le sommeil ".

Pierre Janet (1859-1947) :

Il va soutenir sa thèse sur " l’automatisme psychologie " à la Sorbonne, dans la continuité des écrits de Charcot. On considère qu’il s’agit d’un des grands précurseurs de la psychanalyse, vu l’intérêt de Freud pour ses écrits. Sa thèse contient la démonstration de l’existence d’un inconscient psychologique ainsi que l’évocation de la guérison de l’hystérie par l’évocation des événements traumatiques inconscients. En 1893, il reprend le laboratoire de la Salpêtrière.

Les idées fixes subconscientes :

Elles ont un rôle pathogène et trouvent leurs origines dans un événement traumatisant ou effrayant quand le souvenir est devenu subconscient. C’est un processus lié à un rétrécissement du champ de la conscience. Ces idées sont typiques de la névrose hystérique (car dans la névrose obsessionnelles, elle sont conscientes). Le thérapeute cherche l’idée fixe subconsciente, la ramène à la conscience puis la transforme pour reconstruire une élaboration nouvelle.

La question du rapport dans le processus thérapeutique :

Dans un premier temps, il faut établir ce rapport : rétrécissement électif du champ de la conscience sur l’hypnotiseur. Dans une deuxième période, il faut prévenir le développement de ce rapport et le restreindre en espaçant les séances thérapeutiques.

L’exploration des névroses :

Charcot étudiait la neurasthénie que Janet remplace par le terme psychasthénie dans lequel il inclut les obsessions, le phobies et certaines manifestation somatiques.

La théorie dynamique :

Janet croit en l’existence d’une énergie psychologique qui est caractérisée par deux paramètres : la force et la tension. " La force psychologique correspond à la quantité d’énergie psychique élémentaire c’est à dire la capacité d’accomplir des actes psychologiques nombreux, prolongé et rapides ". " la tension psychologique correspond à la capacité de l’individu d’utiliser son énergie psychique à un niveau plus ou moins élevé ". Pour Janet , il existe un équilibre entre force et tension et le déséquilibre joue un rôle important dans la pathologie mentale.

Janet est un précurseur de la psychanalyse, au seuil de la psychiatrie moderne.

Freud et la naissance de la psychanalyse :

Freud et l’hystérie :

Neurologue, il découvre l’hystérie avec le cas d’Anna O. Il va rédiger, en 1884, la théorie selon laquelle la reviviscence des conflits passés permet la disparition des symptômes.

Charcot et Freud :

Il arrive à la Salpêtrière en 1885. Charcot aura une influence intellectuelle (l’hystérie peut recevoir une interprétation psychologique et pas seulement neurologique : traumatisme comme cause psychique des symptômes) et affective (réputation et charisme de Charcot, plus grand neurologue de l’époque, qui assume les manifestations sexuelles de l’hystérie).

Freud et l’hypnose :

Il fait rentrer l’hypnose dès 1887 mais de façon exclusive et pour obtenir une guérison. Ensuite, il va passer à la méthode cathartique en 1889 aux vues des résistances de certains sujets à l’hypnose qui, de plus, masquait les résistances des patients.

Découverte du transfert :

Dans la conduite de ses patientes, Freud envisage l’existence d’une " tierce figure ". Le transfert est définit comme un " processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établie avec eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique ". La découverte du transfert lève l’ultime inhibition de Freud à exposer le caractère sexuel des névroses.

 

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