Psychopathologie : CM n°4

Évolution historique de la place du signe et du symptôme

La formation du symptôme en psychanalyse

La signe est du côté du clinicien et le symptôme du côté du sujet. Au 19ème siècle, la démarche psychiatrique rejoint la démarche  médicale : il s’agit de repérer les signes de la maladie mentale avec une sémiologie active. Kraepelin cherche à faire un repérage objectif des signes. Il y a évolution de la clinique psychiatrique qui consiste en un passage du voir à l’écoute, du visible à l’entendu et donc du signe au symptôme (revalorisation du statut du malade).

Avec la psychanalyse, il y a introduction d’un sens inconscient du symptôme (apportée notamment par Janet et Freud). Ce sens sera recherché avec le rêve, " voie royale de l’accès à l’inconscient ", avec les actes manqués, les lapsus. " Les symptômes sont l’expression symbolique des conflits infantiles qu’il faut dénouer dans la cure par la parole ". Le symptôme est un compromis entre désir pulsionnel et l’interdit (impossibilité de le réaliser). On observe des mécanismes de défense dans la formation du symptôme, qui sont communs à tout le monde. Le mécanisme essentiel est le refoulement (dans le cas des névroses). Quand il y a échec du refoulement et retour du refoulé, il peut alors y avoir création de symptôme (l’hystérie utilise la conversion pour traiter cette lacune dans la défense). On distingue deux mécanismes organisant l’inconscient : le déplacement et la condensation. Cette perspective est une approche psycho-dynamique de la formation du symptôme avec la notion de conflit intra-psychique.

Transfert :

" Désigne dans la cure psychanalytique, le processus par lequel les fantasmes inconscients du patient s’actualisent et s’extériorisent dans la relation avec le psychanalyste. Il s’agit de l’activation de fantasmes déjà existant, en rapport avec l’histoire infantile du sujet. Le transfert est en ce sens un processus de répétition et de déplacement vers la relation avec l’analyste des formations inconscientes du sujet. "

La métapsychologie de Freud :

" Je propose qu’on parle d’une présentation métapsychologique lorsque nous réussissons à décrire un processus psychique selon ses relations dynamiques, topiques et économiques. "

Avec l’évolution de la conception du symptôme, il y aura rejet du débat entre organogenèse et psychogenèse, qui s’est avéré vain en raison du dualisme (séparation du corps et de l’esprit) et de la pensée causaliste (détermination linéaire des troubles). L’approche devient plurifactorielle (surdétermination du symptôme). L’évolution dans la considération du symptôme a aussi entraîné une recentration sur le sujet. Les aspects étiologiques, thérapeutiques, sont pris en fonction du sujet.

 


 

Compréhension contemporaine de la psychopathologie

La production d’un savoir sur les processus, les maladies, et les structures

Processus et classification des maladies :

" Un processus désigne un enchaînement ordonné de faits ou de phénomènes répondant à un certain schéma et aboutissant à un résultats déterminé. " On passe de la question du " pourquoi " à celle du " comment ". Le processus s’étudie dans une approche transnosographique.

On distingue deux types de classifications des maladies :

  • Classification psychiatrique traditionnelle : névroses, psychoses, troubles du comportement (alcoolisme, toxicomanie, perversion etc.), arriération (débilités), démences et troubles organiques entraînant des conséquences psychiques.
  • DSM (Manuel Diagnostique de Statistique des troubles mentaux) : classification américaine, a-théorique, apparue dans les années 80. " Le trouble mental est conçu comme un ensemble comportemental et psychologique cliniquement significatif (présence de seuils), survenant chez un individu et typiquement associé à un symptôme de douleur (détresse) ou a un handicap (incapacité). " Les symptômes cardinaux de la psychose sont délire, hallucinations, incohérences, relâchement marqué des associations, pauvreté du contenu de la pensée, raisonnement illogique, comportement bizarre, grossièrement désorganisé ou catatonique (il n’y a plus de névrose dans cette classification). Cette classification est accusée d’être un retour en arrière par une simple collection de signes.

Structure :

C’est une notion issue de la linguistique avec l’idée que ce ne sont pas les mots qui ont de l’importance mais leurs combinaisons. " Agencement d’éléments invariant, sous-jacents, qui déterminent ce qui se voit ". En psychiatrie c’est une " combinaison particulière d’éléments inaperçus qui conditionnent les troubles et leurs sens. "

Dans les années 30, en France, l’accent s’est déplacé des maladies mentales aux grandes structures : structure névrotique, psychotique et astructuration ou état limite (entre névrose et psychose avec symptôme névrotique et mécanisme de défense psychotique). On doit cette idée à Jean Bergeret avec la structure de la personnalité. Il distingue quatre grands points pour définir la structure :

  • La structure est invisible et correspond à un mode d’organisation inconscient qui se constitue dans les premières années de la vie.
  • Tout le monde a une structure.
  • De la structure dépend le type de pathologie que peut développer un sujet.
  • Un même signe peut apparaître dans des structures différentes, et y avoir des sens différents.

 

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