Psychopathologie : CM n°3 L’étiologie des maladies mentales En 1777, William Cullen a introduit le terme de névrose qui désigne les " maladies nerveuses ", c’est à dire liées à une altération directe du système nerveux. L’étiologie est alors organique. Feuchtesleben introduit au 19ème siècle le terme de psychose en analogie avec celui de névrose. Il désigne le trouble mental en général alors que la névrose renvoie à une atteinte des nerfs. A travers le mouvement romantique en Allemagne, on considère la psychose comme une maladie de l’âme alors que la névrose restera une atteinte nerveuse : confrontation entre psychiatres romantiques et somatiques. Au fil du siècle, il va y avoir un inversement des deux notions qui reste d’actualité. La névrose est une affection psychogène dans laquelle le sujet est conscient d’être malade et dans la psychose le malade n’est pas conscient d’être malade, il s’agit d’un trouble grave de l’identité et du rapport à la réalité pour lequel la psychiatrie fait l’hypothèse d’une étiologie organique. Pinel proposera une étiologie à la fois organique et morale. Esquirol désigne le siège de l’affectivité chez l’individu : l’épigastre, lieu de rencontre entre l’organique et la morale. Gall développera par la suite une psychiatrie organique cherchant des lésions pour chaque signe visible des maladies avec la phrénologie : première doctrine cohérente des localisations cérébrales. Il dessine une carte du cerveau où il localise les différentes fonctions intellectuelles et psychologiques. Malheureusement, il va faire un parallélisme entre les zones à l’intérieur du cerveau (cortex) et la forme extérieure du crâne (origine de la bosse des maths et de techniques de discrimination). Sa théorie se transforme en l’étude du caractère et des fonctions intellectuelles d’après la conformation du crâne. Il distingue 27 facultés mesurables résumant la nature humaine. Cette méthode anatomoclinique (travaillée aussi par Charcot) a eu l’avantage de faire découvrir des maladies comme la maladie de Parkinson. Kraepelin distingue les maladies endogènes venant de l’intérieur, transmises héréditairement et provenant d’une prédisposition de la personne qui rencontre un facteur extérieur, et qu’il considère comme incurables (démence précoce par exemple) ainsi que les maladies exogènes dues à des causes extérieures, qu’il considère comme curables (psychose maniaco-dépressive par exemple). Charcot dégage la notion de liaison fonctionnelle ainsi que de traumatisme psychique et d’hystérie secondaire liée à un traumatisme (traumatisme de la vie adulte contrairement à Freud). Janet part de l’importance des évènements passés, des souvenirs traumatiques actifs au niveau subconscient. Il utilise la méthode cathartique qui consiste à faire revenir à la conscience, sous hypnose, des souvenirs traumatiques. Cette prise de conscience doit entraîner la disparition des symptômes (Janet se revendique comme l’inventeur de cette méthode). Freud va approfondir les causes psychiques inconscientes qui suscitent les formations d’un symptôme et de la névrose. Il utilise avec Breuer la méthode cathartique où ils utilisent un affect ou une émotion (méthode pré-analytique). Freud présente l’étiologie des névroses dans la vie sexuelle des sujets, actuelle ou passée. Les névroses actuelles (psychasthénie, névrose d’angoisse) viennent d’une insatisfaction dans la sexualité. Il y a accumulation d’énergie sexuelle non-régulée qui finit par éclater. Dans la névrose (psychonévrose) de défense ou de transfert il y a réactualisation d’évènements, de sentiments ayant traits à une situation passée (névrose hystérique de conversion, névrose hystérique d’angoisse correspondant à la névrose phobique, névrose de contrainte correspondant à la névrose obsessionnelle). Freud crée une théorie de séduction appelée " neurotica " correspondant à une situation où un enfant passif et trop immature est séduit par un adulte et ne peux pas décoder les éléments envoyés par l’adulte, ce qui conduit à un traumatisme. Ferenzi a écrit un article " confusion de langue " où il décrit toutes les formes de séduction et les différents troubles. Les symptômes n’apparaîtront que dans un après-coup (théorie de l’après-coup). La sexualité est biphasée, séparée par la puberté après laquelle une deuxième scène peut entraîner la reviviscence de la première et entraîner les symptômes (valeur auto-traumatique de la deuxième scène). Dans une deuxième théorie de la séduction, Freud ne considère plus l’enfant comme passif mais comme, lui aussi, séducteur de l’adulte : introduction des fantasmes. La névrose est définie comme " une affection psychogène (genèse psychologique) où les symptômes sont l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre le désir et la défense. " Le bénéfice primaire de la maladie est la résolution du conflit intra-psychique et le bénéfice secondaire est l’attention de l’entourage lié à l’apparition du symptôme. |