Psychologie sociale : TD n°4

Expériences de Milgram (1974)

Estimations et résultats :

On a demandé à des étudiants leurs estimations dans une telle situation (feedback vocal) : 0% d’obéissance avec une moyenne de 135 Volts maximum. De même on a demandé les estimations d’une telle expérience à des adultes de classe moyenne et on obtient les mêmes, ainsi qu’à des psychiatres qui donnent la même estimation d’obéissant avec une moyenne de 120 Volts maximum. On a demandé à des psychiatres des estimations sur la population testée : 32% iraient jusqu’à 150 Volt selon eux, 4% jusqu’à 300 Volts, 0,64% jusqu’à 375 Volts et 0,13% jusqu’à 450 Volts.

Globalement on a 63% de sujets obéissant (qui vont jusqu’au bout soit 450 Volts) : la conclusion de ces estimations, comparées aux résultats de l’expérience est qu’on n’a pas forcément conscience des situations dans lesquelles on va se trouver.

Explication théorique :

Comme les sujets choisis l’ont été au hasard, on peut penser que les résultats sont dus à une tendance humaine à faire souffrir. L’expérience 11 met en jeu des sujets qui choisissent l’intensité des chocs et on constate qu’ils ne choisissent pas de chocs élevés (entre 75 et 90 Volts environ, sauf rares exceptions).

Milgram apporte l’idée que dès qu’il entre dans une structure hiérarchique, l’individu passe de l’état autonome à l’état agentique. Dans l’état autonome, l’individu se perçoit comme étant responsable de ses actes alors que dans l’état agentique, l’individu se perçoit comme l’agent exécutif des volontés d’autrui qui devient responsable des ses actes. Le sens moral de l’individu est déplacé vers l’exécution de la tâche (la notion de bien ou de mal se déplace vers celle de bien fait ou mal fait concernant la tâche) : c’est une disposition mentale propice aux actes d’obéissance. Selon Milgram, cette disposition s’expliquerait dans une perspective fonctionnaliste. Dans un milieu social, les actions doivent être coordonnées (suppression du contrôle au niveau local), c’est donc un besoin social à la base. L’obéissance n’est pas mauvaise systématiquement car ce phénomène peut s’observer dans la même perspective avec de bonnes actions.

 


 

Anxiété et affiliation – Schachter (1959)

Schachter a travaillé sur l’isolement : il a mené une expérience en mettant des gens dans des situations de privation sensorielle maximale (pièce sombre, sans bruits, sans odeurs etc.). Son hypothèse est que l’anxiété entraîne le besoin d’affiliation car les gens avaient beaucoup de mal à rester.

Procédure :

Il s’agit d’une passation en groupe de 5 à 8 personnes qui ne se connaissent pas, et commencent par répondre à un questionnaire biographique. Deux conditions sont alors introduites : anxiété forte (appareillage électrique impressionnant : les sujets vont recevoir des chocs électriques douloureux) et anxiété faible (pas d’appareillage : les chocs ne sont pas du tout douloureux). On fait passer un questionnaire « comment vous sentez-vous à l’idée de recevoir des chocs électriques ? » avec des réponses allant de « j’aime beaucoup cette idée » (1) à « je n’aime pas du tout cette idée (5) ; on constate 3,69 de moyenne pour la condition forte et 2,48 pour la faible). Le but est de contrôler que les conditions d’anxiété sont bien différentes dans les deux situations (contrôle de manipulation). Les sujets attendent ensuite dans une pièce : on leur propose d’attendre seul, avec d’autres, ou n’importe. On mesure l’intensité de leur désir à l’aide d’une échelle allant de « je préfère de loin être seul » (-2) à « je préfère de loin attendre en groupe (+2) avec « ça m’est égal » (0) au centre. C’est un indice complémentaire de sensibilité de la mesure. On leur laisse la possibilité de quitter l’expérience avant de recevoir les chocs, toujours pour mettre en évidence l’anxiété (18,8% quittent dans la condition forte et 0% en faible).

Résultats :

Anxiété forte : en groupe (62,5%), égal (28,1%) et seuls (9,4%) ; intensité sur l’échelle de .88.

Anxiété faible : en groupe (33,3%), égal (60%) et seuls (6,7%). ; intensité sur l’échelle de .35.

Ces résultats confirment que dans la condition forte, il y a préférence pour l’attente en groupe qui est plus grande que pour la condition faible.

Hypothèses alternatives et explication :

Les gens préfèrent être en groupe (pour une anxiété forte) pour se concerter et négocier l’intensité des chocs avec l’expérimentateur. Pour vérifier cette hypothèse on leur propose plutôt d’attendre en groupe mais sans possibilité de discuter et on observe la même tendance que dans l’expérience initiale.

Il est aussi possible que l’attente en groupe soit une distraction avant les chocs pour penser à autre chose. On leur propose alors, dans une autre expérience, d’attendre en groupe mais avec des gens ne participant pas à l’expérience et on observe une tendance inverse : les gens réfèrent rester seuls dans ce cas là.

Schachter s’appuie sur la théorie de la comparaison sociale de Festinger (1954), qui porte sur les opinions et les aptitudes, pour expliquer cette situation.

Cette théorie affirme que :

-          Il existe chez tout homme une tendance à évaluer ses opinions et aptitudes personnelles.

-          En l’absence de moyens objectifs non-sociaux, on évalue ses opinions et aptitudes en les comparant avec celles d’autrui.

-          La tendance à se comparer à autrui décroît à mesure qu’augmente la différence entre soi et autrui.

Schachter étend cette théorie aux émotions : les gens cherchent à comparer leur état émotionnel avec les autres dans les cas d’incertitude émotionnelle (forte anxiété par exemple).

Conclusion : l’affiliation peut être liée au besoin d’information sur soi, mais ce n’est pas la seule cause du comportement affiliatif (c’est aussi un support social).

 


 

Erreur fondamentale d’attribution

Définitions :

Attribution :

On étudie comment les gens expliquent des situations au niveau des causes. On distingue deux types de causes : internes (renvoi à l’acteur de la situation) et externes (circonstances).

Théorie de l’attribution causale :

Est-ce qu’on tend à avoir une démarche scientifique, rationnelle pour expliquer une situation ? On s’aperçoit qu’il y a de nombreux biais :

-          Biais de complaisance (self-serving bias) : on choisit ce qui nous arrange (comportement positif attribué à des causes internes et comportement négatif attribué à des causes externes).

-          Erreur fondamentale d’attribution : tendance de l’individu à surestimer le poids des causes internes dans l’explication du comportement d’autrui (on ne tient pas assez compte des circonstances).

Expériences de Ross, Amabile et Steinmetz (1977) :

Deux expériences sont faites avec deux sujets dont un sera questionneur et l’autre candidat. Le questionneur doit préparer 13 questions de culture générale qu’il fait passer au candidat. On demande aux deux de donner une note de culture générale à chacun des deux (à l’autre et à soi). Dans la deuxième expérience, il y a un observateur et les questionneurs et candidats sont compères. On demande à l’observateur de noter les deux.

Cible        Rôle

Questionneur

Candidat

Observateur

Questionneur

53,5

66,8

82,1

Candidat

50,6

41,3

48,9

Le questionneur a toujours une meilleure note que le candidat alors que les rôles ont été choisis au hasard : erreur fondamentale d’attribution correspondant à la considération du rôle et non de la situation. Cet effet est amoindri pour les questionneurs qui s’évaluent moins bien car conscients de la difficulté à préparer leurs questions.

 

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