Psychologie sociale : TD n°3

Conformisme - Ash (1951)

Objectif :

Déterminer les conditions dans lesquelles il y a indépendance ou soumission aux pressions du groupe. Jusqu’à cette époque on considérait que ce n’était pas un thème à étudier car on apprendrait tous à être conformiste (selon les théories béhavioristes ou comportementalistes avec Moore, 1921 et le schéma Stimulus-Réaction) soit par conditionnement classique (ou pavlovien) soit par conditionnement opérant (ou skinnerien). Mais avec cette conception, tout le monde serait conformiste et il n’y aurait pas d’évolution. Il y donc une résistance de l’individu à la soumission, d’où la problématique de Ash.

Déroulement des expériences :

Schéma de base ou paradigme de Ash : les sujets sont reçus par groupe de 8 avec un sujet naïf (sujet réel de l’expérience) et 7 compères (répondent selon les indications fournies par l’expérimentateur. La tâche consiste à choisir parmi trois lignes, celle qui est de la même longueur qu’une ligne étalon. Il y a 18 essais et les sujets donnent leur réponse à voix haute (le sujet naïf est en 7ème position). Il y a 12 essais critiques (la majorité donne une réponse extrêmement fausse) et 6 essais neutres (la majorité donne la bonne réponse). On fait aussi un groupe contrôle avec des réponses par écrit pour observer l’influence du groupe sur l’individu (par rapport à cette situation contrôle).

Cette expérience permet de créer avec certitude un conflit entre le groupe et l’opinion de l’individu (avec les situations critiques), ce qui est adapté à l’étude du conformisme.

Résultats (cf. texte p. 239) :

Groupe expérimental : 12(nombre d’essais critiques) x 50 (effectif total) = 600 essais critiques et un total de 192 erreurs : 32% d’erreur.

Groupe contrôle : 12 x 37 = 444 essais critiques pour 3 erreurs : 0,7% d’erreur.

Un tiers des estimations critiques (32%) sont des erreurs dans le sens de la majorité alors que le groupe contrôle fait très peu d’erreurs (0,7%).

L’effet de la majorité n’est pas total (68% des estimations sont correctes). Donc dans 2/3 des cas, l’individu ne se soumet pas au groupe. On constate aussi des différences entre individus (interindividuelles) : 26% restent indépendants tout le long de l’expérience et 30% suivent la majorité pour au moins un essai sur deux (conformistes). La moitié qui reste se trouve entre les deux.

Ash analyse les conformistes et distingue trois types de conformistes en fonctions de leurs explications :

-          Distorsion de la perception : les sujets disent qu’ils voyaient bien leurs erreurs comme la bonne réponse.

-          Distorsion du jugement : « comme tout le groupe était d’accord, c’est moi qui devais me tromper ».

-          Distorsion de l’action : les sujets sont conscient de l’erreur du groupe mais répondent comme lui, sans doute pour être acceptés, ne pas être différents.

Questions posées à la suite de l’expérience :

Ash a ensuite cherché à expliquer les différences entre individus (perspective différentielle) et les facteurs qui entraînent le conformisme ou l’indépendance (perspective de psychologie sociale).

Il s’est posé la question de l’unanimité de la majorité (savoir si l’ampleur de l’effet aurait été réduit sans unanimité). Il a donc fait des expériences en introduisant un deuxième sujet naïf en 4ème position pour rompre la chaîne d’unanimité. Il constate une baisse du conformisme (de 32% à 10,4% d’erreur). Mais il a refait l’expérience avec un partenaire (compère qui donne les réponses correctes) à la place du deuxième sujet naïf (toujours en 4ème position) pour éviter qu’il soit aussi influencé et influence donc l’autre : 5,5% d’erreur. L’unanimité de la majorité est donc un facteur important dans le phénomène du conformisme.

Ash a ensuite fait une expérience « retrait du partenaire » où celui-ci suit la majorité à partir du 6ème essai : 5,5% d’erreur au début puis 28,5%. Avec la situation inverse, on a 30% au début puis 8,7%.

Cependant cette expérience pose la question de l’effet de l’unanimité ou du support social (« s’il y a quelqu’un qui pense comme moi, c’est que j’ai peut-être raison).

Ash fait une expérience avec un partenaire donnant une autre fausse (différente de celle du groupe : compromis dans la rupture de l’unanimité). Il constate les même taux d’erreur (32%) mais qui sont différemment répartis :

-          Si la majorité extrême est seule on a 42% des erreurs qui sont modérées.

-          Si la majorité extrême est avec un partenaire compromis, on a alors 75,7% des erreurs qui sont modérées : les sujets sont donc plus influencés par le partenaire.

Allen (1977) a fait une expérience avec une majorité moins extrême que le partenaire et constate une baisse du conformisme.

Ash se pose ensuite la question de la taille de la majorité : il y a augmentation de l’influence de la majorité jusqu’à trois personnes (considérées comme indépendantes aux yeux du sujet naïf) puis il reste stable au-dessus de trois personnes.

Explication théorique par Deutsh et Gerard (1955) :

Nous sommes soumis à deux types d’influences :

-          Influence informationnelle : autrui constitue une source d’information sur le problème donné (recherche d’une perception exacte de la réalité) ; cette influence caractérise particulièrement les sujets évoquant une distorsion de jugement.

-          Influence normative : nous sommes motivés à être acceptés par le groupe ; cette influence caractérise particulièrement les sujets évoquant une distorsion de l’action.

Exemple de Gerard et Rotter (1961) sur l’influence normative :

Sur 25 sujets indépendants, 19 (76%) s’attendent à être évalués négativement par le reste du groupe.

Sur 24 sujets conformistes, 17 (71%) s’attendant à être évalués positivement par le reste du groupe.

 

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