Psychologie sociale : CM n°3 Les normes sociales La preuve sociale - l’imitation : Il y a deux phases dans l’imitation : l’acquisition (apprendre en observant le comportement d’un autre) et la performance (reproduction spontanée de ce comportement). Bandura a inventé la méthode des comportements anecdotiques qui consiste en le fait d’inciter un sujet à reproduire des comportements inhabituels. La reproduction de ces comportements sera signe de l’influence du modèle. Renforcement vicariant : qu’on ne reçoit pas directement mais qu’on observe chez un autre (récompense, punition). L’imitation peut servir dans la desinhibition, notamment des phobies (exemple : désensibilisation systématique basée sur la relaxation musculaire et l’imagination). La similitude entre modèle et sujet est un facteur important pour expliquer un taux d’imitation : on a tendance à imiter ceux qui nous ressemblent. Hornstein a fait une expérience à ce sujet. Il perd différents portefeuilles dans New York contenant de l’argent et une lettre disant que le portefeuille avait déjà été perdu et que la personne s’apprêtait à le rendre. Deux conditions sont présentes : la lettre est soit écrite dans un anglais correct (représentatif de l’Américain moyen) soit dans un mauvais anglais. Les résultats montrent 70% de portefeuilles rendus pour la première condition contre seulement 30% dans la deuxième condition. La formation des normes ou l’influence sociale au sein des groupes : Situation anomique : sans norme. Shérif a utilisé l’effet autocinétique (cf. TD2). Lewin travaille sur le changement des normes et est à l’origine de la dynamique de groupe. Il veut changer la norme des membres d’un groupe. Il pense que les groupes tendent vers un équilibre quasi-stationnaire qui est une source de résistance au changement. L’accroissement de certaines forces (volonté de changement VS immobilisme) ne va pas changer l’équilibre du groupe mais accroître la tension entre les uns et les autres. Le changement nécessite de casser la norme, la décristalliser. Selon Lewin, il faut travailler sur la dynamique de groupe pour faire en sorte que les gens ne s’opposent plus. La première cause de résistance au changement est le conformisme. Si on essaye de changer les normes d’un individu sans changer celles de son groupe, on se heurte à sa peur d’être exclu. Il est plus facile, selon Lewin, de changer les normes des gens lorsqu’ils sont en groupe que lorsqu’ils sont isolés. Newcomb a travaillé sur les groupes de référence. Il a montré dans le collège de Bennington les changements d’attitudes et d’opinions politiques pour en déduire l’influence des études au collège. Une des manières des plus sure de faire changer les convictions de quelqu’un est de le faire adhérer à un nouveau groupe de référence et de brise tout lien avec leur ancien groupe de référence. Normes, rôles et manipulation : La désindividuation : C’est une notion venant de Festinger, Pepitore et Newcomb qui ont tenté d’expliquer l’agressivité dans les situations de foule, d’anonymat. Quand on fait partie d’un groupe anonyme, on perd le sentiment d’individuation. Nous aimons parfois ce sentiment d’être immergé dans ce groupe. Ils ont cherché les effets libérateurs de l’anonymat en montant une expérience où ils disent à des étudiants qu’une grande majorité des étudiants ont une haine cachée envers leurs parents, puis leur demandent d’en débattre. Ils mesurent l’attrait du groupe en fonctions du degré d’anonymat et observent une corrélation entre l’anonymat et le nombre de commentaires hostiles vis à vis des parents. De plus, l’anonymat rend aveugle : il y a moins de discrimination des situations et plus d’actes anti-sociaux. Les normes sociales sont mises en veilleuse. Cependant Shérif dit que les groupes se forment des normes et que les situations de groupe rendent seulement les normes plus saillantes. Reicher va faire le lien entre ces deux thèses en disant qu’on peut concilier anonymat (désindividuation) et prégnance des normes sociales. Le groupe réduit la conscience de soi et conduit les gens à se définir comme les membres d’un groupe, ce qui rend les normes du groupe très impératives, accessibles aux yeux de l’individu. On se tourne plus volontairement vers les autres pour savoir comment se comporter, ce qui rend les gens plus sensibles aux manipulations par l’intermédiaire des meneurs. Les normes et le contexte : Est-ce que rendre une norme explicite sert à quelque chose ? Pour répondre à cette question, Cialdini (1990) a mis au point une expérience où des prospectus sont disposés sur des voitures avec des papiers vantant les mérites de l’écologisme et d’autre plus neutres. On remarque que pour le premier cas, seuls 10% des papiers sont jetés par terre contre 25% dans l’autre cas. En ce qui concerne la culture, Hall a étudié la proxémie (espace personnel). La distance entre soi et autrui est très normée et dépend des relations entretenues avec les autres (intimes, personnelles, sociales ou publiques) ainsi que de la culture. Norme de réciprocité : norme universelle qui consiste à refaire ce qu’on nous fait, nous offre etc. Dans le cadre de cette notion on peut notamment étudier le phénomène de la porte au nez montré par Cialdini dans une situation de marchandage. Il envoie des compères vers des étudiants a qui ils demandent s’ils veulent passer deux heures par semaine pendant deux ans avec des jeunes délinquants. 100% des étudiants refusent. Les compères demandent alors un plus petit service (passer une seule fois deux heures au zoo avec eux) et on a cette fois 50% d’accord (alors que si le service avait été demandé d’amblée on n’aurait eu que 17% d’accord). Pourtant, si les deux demandes ne viennent pas de la même personne on obtient aussi très peu d’accord pour le petit service. Il ne s’agit donc pas d’un phénomène de perception mais d’une relation de réciprocité avec l’impression que les compères ont fait un cadeau aux étudiants. Le poids des rôles : Expérience de la prison de Zimbardo : il a étudié l’impact des rôles sur les comportements. Une bonne définition des rôles permet une bonne répartition des tâches, précise la place de chacun, fournit les attentes sociales. Il se demande pourquoi l’ambiance es prisons est si violente et dégradée (en dehors des personnalités des détenus et des gardiens). Il veut montrer qu’on aurait cette même ambiance en reconstituant une fausse prison, avec l’impact des rôles sociaux. Il établit donc une étude de deux semaines des effets de l’emprisonnement sur le comportement de sujets jouant les rôles de prisonniers et gardiens. L’humiliation des prisonniers (uniformes, fouille etc.) et l’autorité donnée aux gardiens ont entraîné une rébellion des prisonniers et une répression par les gardiens. L’ambiance des véritables prisons est alors progressivement re-créée, et l’expérience est interrompue au bout d’une semaine. On remarque donc l’importance des rôles qui dictent les comportements. Les normes différentes de la prison ont donné le droit d’utiliser la force (le minimum). Mais l’absence de critère définissant le niveau de force a conduit les gardiens à glisser vers un niveau brutal. Il y a eu ignorance des bons gardiens qui ne s’expriment pas. Rester silencieux face à quelque chose d’immoral, c’est contribuer à cette immoralité.
Conformité et obéissance : La conformité : Avec Ash, des processus d’influence se mettent en place même sans situation ambiguë (Shérif). Il suffit qu’une majorité agisse en faisant pression (de façon implicite ou explicite). Cette majorité peut être quantitative (numérique) ou qualitative (statut particulier). Comme Shérif, Ash est gestaltiste et pense que le changement d’une partie d’un tout entraîne le changement de la totalité : réorganisation cognitive. Le problème de l’influence nominative et informationnelle (cf. TD). Le poids de l’autorité : Expérience de Milgram. Il a été influencé par une question interne à la psychologie sociale et une vision plus quotidienne, politique. Selon lui, l’expérience de Ash avait une faiblesse car l’effet d’influence concernait une tâche inintéressante pour les sujets. Il a donc travaillé sur un comportement agressif (chocs électriques). L’autre influence est le procès d’un nazi (Adolf Eichman) qui apparut comme une personne ordinaire qui n’avait fait qu’obéir aux ordres. D’où son expérience.
Résistance et innovation : C’est une contestation de Shérif, Ash et Milgram qui ont étudié l’influence majoritaire alors qu’il s’agit ici des influences minoritaires. La polarisation de groupe : Le consensus n’est ni une condition nécessaire, ni suffisante pour qu’il y ait augmentation de la prise de risque en groupe. La seule discussion permet de créer ce phénomène. L’obtention directe d’un consensus (par vote par exemple) ne suscite pas ce phénomène. Le degré d’implication et de conflit dans un groupe détermine le sens de la décision qu’il prendra. S’il y a peu de conflit (Shérif), la décision tendra vers la moyenne (normalisation) ; par contre, s’il y a plus de conflit, elle tendra vers l’extrêmisation. Pour Moscovici, le changement naît du conflit qui apparaît comme positif et provenant de l’implication. Pouvoir et déviance, rejet et changement : Théorie de la communication sociale informelle de Festinger : les divergences sont impossibles selon la majorité et il y a une pression sur les déviants, pour les remettre dans le droit chemin, qui peut aboutir à leur exclusion, en cas d’échec (expérience de Johnny Rocco). Il y a beaucoup de pression si l’unanimité est importante pour la tâche du groupe. Dans le cas contraire, le groupe se divise en cliques. |