Psychologie du développement : TD n°6 Wallon Théorie : Il a une formation pluridisciplinaire. Il a abordé la psychologie à travers une approche des enfants à difficulté. Il va ensuite mettre au point une théorie générale abordant la personnalité aussi bien d’un côté social, affectif ou biologique. Pour lui la maturation biologique et l’environnement social sont des éléments indissociables dans le développement. Comme Piaget il introduit une notion de stades qui correspondent à des fonctions prioritaires, mais qui s’étalent sur plusieurs domaines de la personnalité. On peut distinguer des périodes plus centripètes (tournées vers soi) et d’autres plus centrifuges (exploration du monde). Origine et principe général de l’émergence de la conscience propre : Où le développement de la « personne » prend-il son origine selon Wallon ? Quelles places y ont la connaissance de soi et d’autrui ? L’une se développe-t-elle avant l’autre ? La conscience propre tire son origine de l’aspect affectif de l’enfant. Wallon s’intéresse aux réflexes toniques et posturaux qui vont permettre au bébé de transmettre ses émotions. Le bébé est social (et ne le devient pas comme selon Piaget). Il y a importance du milieu social et de l’interaction avec l’entourage. Le bébé ne différencie pas, dans les premiers temps, son propre corps du monde extérieur. Il reste dans un état de symbiose avec l’autre. Puis, à travers la différenciation progressive des émotions il va en sortir peu à peu. L’enfant va apprendre à lier des signaux expressifs à des effets sur sa propre personne : différenciation des moyens expressifs. Il y a dialogue émotionnel entre la mère et l’enfant à travers les postures et moyens toniques. On passe d’une symbiose physiologique à une symbiose émotionnelle : l’émergence de la conscience propre n’est pas encore complète. Il y a une grande dépendance de l’autre comme gérant des émotions. La connaissance de soi se développe à travers l’autre : simultanéité du développement des deux connaissances. C’est à travers la connaissance de l’autre que l’enfant va affirmer sa propre personnalité. Comment s’établit la différenciation moi / autrui au cours des stades du développement définis par Wallon ? Stades du développement et étapes du développement de la « personne » chez Wallon
Il y a des expériences émotionnelles avec les objets mais il n’y a pas réciprocité dans ce type de rapport. Dans les relations avec les autres, il y a un certain nombre de jeux : jeu de réciprocité et d’alternance. L’enfant en alternant entre rôle actif et réceptif expérimente et différencie ces deux positions. Cette différenciation est physique mais les deux pôles de l’action peuvent être inversés et il peut donc y avoir confusion, psychologiquement parlant (parfois l’enfant mélange les deux pôles, lui-même et l’autre). C’est à ce moment que l’enfant commence les dialogues avec lui-même. La différenciation reste toujours progressive. Au quatrième stade, l’enfant affirme réellement sa personnalité en ayant tendance à s’opposer à tout, pour le principe. Il y a aussi plaisir de possession d’objet, de territoire, de personnes privilégiées : sentiment de jalousie. Il y a comparaison systématique avec autrui, avec des rapports de valeur liés à ces comparaisons. C’est le début de l’utilisation de la première personne « je ; moi ; mon ». (Avant l’enfant a plutôt tendance à parler de lui à la troisième personne). L’enfant va aussi commencer à mentir, élaborer des ruses ou prendre conscience de la notion de secret dans le but de cacher, masquer des choses à autrui. C’est aussi la période où il va commencer à faire la distinction entre le réel et l’imaginaire. Un autre élément important dans la conscience de soi est le fait que l’enfant s’affirme en se servant de l’admiration des autres. Il teste son pouvoir d’exubérance et de séduction : c’est l’âge de la grâce avec une sorte de narcissisme moteur : timidité / exubérance. Il y a aussi imitation des rôles avec ambivalence admiration / rivalité. Dans le stade catégoriel, l’enfant commence à sortir de sa position purement familiale en prenant conscience qu’il peut prendre d’autres places dans d’autres structures que l’univers familial : place polyvalente selon les activités et situations. L’enfant peut chercher à compenser certaines positions par d’autres. A l’adolescence l’enfant entre dans une nouvelle opposition (affirmation de soi) mais aussi une remise en question des positionnements entre soi et autrui. Comme à l’âge de la grâce, on retrouve une alternance entre des périodes de séduction et d’inhibition. Plus généralement, cette période est une remise en cause entre soi et le monde : l’enfant s’interroge sur son passé, son origine et envisage sa personnalité dans l’avenir : sentiment d’identité qui va s’élargir à travers la remise en cause. Expériences : Expérience : un enfant mis successivement face à un jumeau et un miroir : L’intérêt de telles situations expérimentales est de permettre d’avoir des indications plus objectives. Les indicateurs comportementaux sont un comportement social globalement positif (sourire, vocalise) mais après devant le miroir il peut y avoir déstabilisation, voire comportement agressif car ce que l’enfant voit ne se comporte pas comme un individu social. Expérience du moi altéré (tâche sur le nez devant un miroir) : L’enfant va-t-il vers le miroir ou sur son propre corps ? De même qu’avec un objet / personne reflété dans le miroir l’enfant peut se diriger vers le miroir ou vers l’objet / personne lui-même. Ces expériences permettent de vérifier si l’enfant a compris le mécanisme réfléchissant du miroir pour des objets extérieurs proches ou plus éloignés de son espace puis la reconnaissance du soi. On remarque qu’avant 18 mois, les enfants échouent au test du moi altéré alors qu’ils réussissent avant à d’autres tests sur des objets / individus. L’ordre de réussite est : mère proche, objet proche, mère éloignée, objet éloigné, moi altéré. L’enfant doit apprendre le principe du miroir puis la coordination d’aspects visuels qu’il ne peut pas voir (son visage) avec ce qu’il voit dans le miroir. On ne peut pas conclure que la conscience du moi s’acquiert après 20 mois car cette expérience met en jeu un autre critère : le fonctionnement du miroir. C’est une méthode critiquable (de même que la même expérience avec les animaux qui ont une conscience de soi mais ne comprennent pas forcément le fonctionnement du miroir). Conclusion : La conscience de soi est une élaboration progressive intégrant plusieurs dimensions : - Le sentiment de corps propre (limite soi / monde extérieur). - Le sentiment de soi comme agent causal, intentionnel. - La reconnaissance de son apparence perceptive extérieure. - L’image sociale de soi (sentiment du soi perçu et évalué par autrui). - La conscience du soi psychologique, sentiment d’identité etc. |