Psychologie différentielle : CMA n°1 Historique de la psychologie différentielle La psychologie différentielle est une spécialité née à la fin du 19ème siècle en Angleterre et au début du 20ème siècle de manière parallèle en France et aux Etats-Unis. A la base, en Angleterre, c’est le développement du darwinisme qui est à l’origine de développement de la psychologie différentielle. C’est en cherchant à transposer à l’Homme une partie de la théorie de Darwin que l’on va comprendre l’intérêt des différences individuelles. Il s’agissait de transposer au niveau de l’intelligence des caractéristiques de dimension physique chez les animaux. Deux axes composent cette discipline : - Méthodologique : comment mesurer les différences individuelles, les mettre en correspondance avec d’autres variables et interpréter les résultats observés ? (méthodes statistiques). - Théorique : la définition de l’intelligence engendre plusieurs courants avec des méthodes scientifiques et donc des outils adaptés. L’école anglaise : Francis Galton (1822-1911) : En Angleterre, le créateur de la psychologie différentielle est Francis Galton. C’est un scientifique extrêmement curieux et polyvalent qui va s’intéresser aussi bien à la météo, les explorations en Afrique, les moteurs à vapeurs qu’à l’anthropométrie. Il s’y intéresse car il dirige un laboratoire mené par des autorités médico-légales. Ce poste va entraîner des études comme celle des empruntes digitales ou des empruntes de pas en rapport avec la taille. En étudiant les rapports entre deux caractéristiques physiques, avec un regarde différentiel, il développe la vision différentielle applicable en psychologie. Il veut démontrer que la théorie de Darwin s’applique à l’Homme du point de vue de l’intelligence, c’est à dire la notion de grande diversité parmi les individus avec des caractéristiques plus adaptatives. Pour pouvoir mesure l’intelligence, il faut la définir et Galton a une approche de l’intelligence basée sur la perception. Pour la mesurer, il faut mesurer les capacités sensorielles. Galton va mettre au point les premiers outils pour mesurer l’intelligence. Ce sont surtout certains aspects de sa méthodologie qui ont été retenus : c’est le premier à parler d’échantillonnage de la population (échantillon représentatif pour les mesures). Il a une hypothèse selon laquelle il y a un lien entre l’intelligence et les classes sociales. Il va donc tester des populations appartenant à toutes les classes sociales, veiller à l’équilibre des sexes ou des tranches d’âge. Au niveau des résultats, il ne trouve pas les résultats attendus. Il va réfléchir sur l’hérédité des différences individuelles. Son objectif est de montrer que les différences individuelles (dans le domaine de l’intelligence) se transmettent d’une génération à une autre. A travers des analyses biographiques de grands savants et génies connus, il interprète les résultats comme le fait que certaines qualités sont héréditaires (ce qui est faux car n’a pas considéré l’influence du milieu). Galton va aussi introduire la méthode des jumeaux en distinguant les « vrais » et « faux » jumeaux (sans connaître l’aspect génétique). Il observe qu’il y a moins de différences avec les « vrais » jumeaux, ce qui appuie sa théorie de l’hérédité des différences individuelles. Il va transmettre beaucoup d’idées à ces élèves qui les développeront dans leurs travaux, comme le besoin de situer les différences individuelles dans une norme avec Karl Pearson. Les élèves ou disciples de Galton : Karl Pearson (1857-1936) : Il développe le coefficient de corrélation qui permet de mesurer la force et le sens du lien existant ou pouvant exister entre deux variables. Il varie entre -1 et +1. S’il est positif, c’est qu’il y a un lien entre deux variables qui exprime l’existence d’un processus commun aux deux variables. S’il est négatif, les deux variables varient en sens opposé et leur corrélation fait appel à des processus antagonistes. S’il n’y a pas de corrélation, le coefficient est nul. La corrélation est d’autant plus forte qu’elle tend vers la valeur absolue de 1. Ronald Fisher (1890-1962) : Il est à l’origine du développement de la variance en partant des travaux de Pearson et Galton. Charles Spearman (1863-1945) : Il est à l’origine de la théorie de l’intelligence générale. L’intelligence est un tout, une sorte de capacité globale, fondamentale. Il met au point les tests de facteur G, qui n’ont pas de facteur verbal mais sont basés sur le raisonnement, l’induction. Il a dû vérifier que ce test mesurait bien le facteur G en développant l’analyse factorielle basée sur les corrélations. Elle permet de mettre en évidence des sources communes de variation qu’on appelle des facteurs. Pour Spearman, la source commune de variation qui correspond à l’intelligence est le facteur G. Cyril Burt (1883-1971) : Il a développé la méthode des jumeaux grâce aux avancées génétiques, pour la rendre incontournable dans l’étude de l’hérédité des différences individuelles au niveau de l’intelligence. Raymond Cattell : C’est l’auteur d’une théorie de l’intelligence qu’il définit en deux parties : fluide et cristallisée. L’intelligence fluide est une forme d’intelligence d’origine innée et qui concerne des facultés fondamentales comme le raisonnement. L’intelligence cristallisée est un aspect qui relève plutôt de l’acquis et provient donc des apprentissages, de la culture. Ces deux formes de l’intelligence ne se développent pas de la même manière ; l’intelligence fluide étant plus sensible au vieillissement que la forme cristallisée. En étudiant la méthode factorielle pour étudier la personnalité, Cattell met en évidence des sources communes pour définir des profils de personnalité, ce qui le conduit à l’élaboration du test 16 PF. Hans Eysenck : C’est l’auteur d’une théorie qui décrit la personnalité en trois dimensions : l’extraversion, l’introversion et le névrosisme. Il se servira de l’approche factorielle pour valider cette théorie. Le développement de la psychologie différentielle aux Etats-Unis : Ce qui caractérise ce développement, ce sont les liens que la psychologie différentielle va entretenir avec le développement économique, industriel et le contexte social. Ce qui est développé c’est la mesure des différences individuelles en vue d’applications extrêmement pratiques (avec le développement des moyens de télécommunication, de l’aviation, la mise en place du taylorisme, qui nécessitent le recrutement de personnes qui ont le potentiel de maîtriser ces nouveaux moyens). C’est le développement de la psychologie du travail (originellement appelée psychologie industrielle). L’entrée en guerre (première guerre mondiale) des Etats-Unis va nécessiter la mise en place de procédures de recrutement réalisées à grande échelle, dans le cadre militaire, qui vont imposer un développement des tests extrêmement important pour pallier la rapidité nécessaire. C’est le développement des tests « papier-crayon » qui permettent les passassions collectives (contrairement au test des tâches qui ne peuvent se faire qu’individuellement). Ces tests se font en grande partie sur des individus qui ne parlent pas l’anglais. Les tests non-verbaux, qui ne font pas appel aux connaissances acquises vont donc être développés et se présentent sous forme de consignes et réponses basées sur le raisonnement, vont donc être développés. De nos jour, on utilise toujours les deux types de tests verbaux (test alpha) et non-verbaux (test beta). Parallèlement, on développe des tests de personnalité du même type. James Mc Keen Cattell (1860-1944) : Il est à l’origine de ces nouveaux types de tests et du critère psychométrique : validité des tests. Louis L. Thurstone (1887-1955) : Il est l’auteur d’une théorie de l’intelligence qui a donné naissance au test PMA, basé sur une définition de l’intelligence en terme d’aptitudes spécifiques indépendantes les unes des autres (verbales, spatiales, numériques par exemple). L’école psychotechnique française : Alfred Binet (1857-1911) : En France, il est le premier à voir l’intérêt des différences individuelles. Il est connu pour avoir proposé un test d’intelligence générale. Il cherche à mesurer les performances dans des tâches pratiques, concrètes et très variées. Edouard Toulouse (1865-1947) : Il fait partie de ceux qui vont transformer les asiles en hôpitaux psychiatriques. Il va proposer un certain nombre d’outils comme la prise en compte des différences individuelles dans le contexte social. Henri Piéron (1881-1964) : Il est élève de Toulouse et reprend le laboratoire de Binet. Il va fonder la première licence de psychologie et est le fondateur du laboratoire de psychologie différentielle de Paris 5. Il va s’intéresser à l’utilisation des différences individuelles dans le domaine de l’orientation professionnelle puis scolaire, pour des raisons sociales. Il est à l’origine de la création des conseillers d’orientation (professionnelle) et d’outils variés. |