Psychologie clinique : CM n°8 Les méthodes en psychologie clinique L’observation : L’observation au cours de l’entretien : Tout entretien est une rencontre entre 2 personnes mettant en scène 2 corps en présence: celui du clinicien et celui du patient. Cette rencontre mobilise chez 2 personnes des sentiments, des résistances, des malaises, qui vont imprégner le langage du corps: langage postural, langage gestuel, mimiques... Au cours de l’entretien, il s’agit d’une intrication entre langage verbal et langage non-verbal. Watzlawick, chercheur américain qui a beaucoup étudié la logique de la communication, intègre systématiquement dans l’entretien ces 2 formes de langage. Elles doivent être cohérentes. Il accorde une importance à cette observation non-verbale qu’il qualifie d’infra-langage. Cette observation est d’autant plus importante chez le bébé. Pour Watzlawick, à partir du moment où 2 personnes sont en présence, nous ne pouvons pas ne pas communiquer. L’observation en méthode clinique : Esther Bick a élaboré une technique d’observation psychanalytique pour les bébés avec la théorie de Mélanie Klein. Cette méthode consiste à observer le bébé dans son milieu naturel à raison d’une heure pas semaine en se montrant neutre, sans jugement, sans conseil, sans interprétation. Cette observation est suivie d’une retranscription intégrale et le contenu est soumis à un superviseur thérapeute analyste qualifié pour dispenser la formation à la méthode. Cette méthode a été surtout développée en Angleterre. Cette méthode d’observation psychanalytique a pour but de mieux connaître la vie mentale des bébés. => elle vise à la recherche Autres utilisations de la méthode d’observation : La méthode d’Esther Bick a été appliquée en France par Lebovici et elle a été conceptualisée dans un schème d’interaction qui comporte: - des interactions comportementales: adéquation des réponses de la mère au bébé et du bébé à la mère. - des interactions affectives: adéquation des réponses émotionnelles dans les 2 cas. - des interactions fantasmatiques: on ne peut les décoder qu’à travers les autres. L’observation a une visée diagnostique et thérapeutique. Par exemple, les comportements du bébé qui fuie le regard de la mère, qui est mou sont les signes les plus précoces qui permettent de repérer un enfant autiste. La méthode de Bick a été également adaptée en France à visée thérapeutique par Geneviève Haag. Elle est désormais appliquée dans les institutions. Selma Fraiberg, dès 1975, adapte l’observation dans une visée thérapeutique en l’exerçant au domicile familial pour des familles défavorisées. Elle a créé une alliance thérapeutique en accompagnant l’éducateur au domicile familial et en commençant la thérapie à travers l’action éducative, prenant en compte une double réalité: la réalité éducative et la réalité psychique. L’entretien : Définition et classification : Il existe 3 sortes d’entretiens: directif / semi-directif / non-directif. La méthode du questionnaire est appliquée surtout dans la méthode de recherche. Ils sont censés répondre à une problématique posée dans l’étude. Dans le questionnaire, l’enquêté et l’intervieweur sont face à face. Il s’agit d’un entretien semi-directif ou directif avec des questions simples, adaptées à la population concernée. Les entretiens semi-directifs sont également pratiqués pour les diagnostics et pour la recherche. Dans l’entretien à visée de recherche, la demande vient du clinicien et non du patient. Il s’exerce dans l’intérêt du clinicien. Il peut être non-directif ou semi-directif. Ce qui prédomine, c’est la singularité du sujet prise en compte, mais sans interprétation. Du point de vue méthodologique, il faut que le patient soit volontaire et ait donné son accord. Piaget et Rogers on développé l’entretien clinique non psychanalytique. Pour Piaget, la méthode clinique c’est par exemple l’art de converser avec les enfants pour mettre en évidence leurs pensées, leur conception du monde. Pour Rogers, l’entretien clinique doit être dynamique: il ne doit pas être asymétrique. Il utilise la technique de reformulation pour soutenir l’expression du sujet, mais n’écoute pas l’inconscient. L’intervention est centrée sur le sujet. Il récuse le concept de “patient” au profil de celui de “client” pour éviter la passivité du sujet. Sa théorie s’appuis sur un principe positiviste. L’entretien clinique : Colette Chiland décrit un entretien clinique d’inspiration psychanalytique. Dans cet entretien, la demande vient du sujet. Le clinicien est au service d’autrui. La demande du patient est prise dans des contradictions conscientes et inconscientes parce qu’il vient chercher une réponse magique à son problème, sans vouloir payer le prix psychique. Il s’agit d’une clinique “à main nue” qui se passe face à face marquée par une asymétrie entre les 2 personnes; il s’agit de prendre ne compte le langage verbal et non-verbal. Il s’agit d’un entretien libre et d’une communication d’inconscient à inconscient, d’où la nécessité de prendre en compte les phénomènes de transfert et de contre-transfert. Le clinicien doit préserver une “neutralité bienveillante”. Forces et faiblesses de la méthode clinique : Le problème de la preuve : Le fait que la méthode clinique s’adresse à un individu dans sa singularité; elle ne permet pas d’apporter la preuve pour un groupe, contrairement à des enquêtes épidémiologiques à valeur scientifique qui s’adressent à un groupe et à des corrélations. La méthode clinique ne peut en rendre compte à ce niveau. L’implication du psychisme du clinicien comme instrument rend la recherche subjective. De ce fait, il est impossible d’étudier un grand nombre de cas compte tenu de l’investigation demandée. Cependant, l’entretien clinique peut être couplé avec des outils cliniques qui permettent d’objectiver des données comme les tests projectifs, les tests d’intelligence... Cependant, la force de la méthode clinique, en sciences humaines permet de décoder le sens d’un comportement et d’apporter des compléments de recherche à des études épidémiologiques. Roger Perron étudie la preuve de la démarche clinique: le clinicien ne peut pas inférer à l’avance une hypothèse et mettre en place un protocole de recherche. C’est la rencontre sur un mode dynamique avec ses intuition qui lui permet d’élaborer l’hypothèse. Cette hypothèse peut varier. Le clinicien envisage un ensemble de facteurs déterminants comme modèle explicatif. Le clinicien = le chercheur : Le clinicien est aussi un chercheur. Il doit y avoir une rigueur dans la démarche scientifique en utilisant un corpus théorique connu, un outil éprouvé, pour se soumettre à la critique. Sa maturité, son expérience professionnelle, contribuent à faire de lui un chercheur de qualité. La formation du clinicien : Le clinicien doit avoir des connaissances théoriques sanctionnées par un diplôme reconnu. Il doit être capable d’articuler la théorie à la pratique grâce à des stages et à la supervision. Après le diplôme, il doit poursuivre une expérience qui lui permet toujours de confronter sa théorie à la pratique. Il doit également continuer sa formation personnelle sous forme de séminaires. Son approche doit rester humaniste, c’est à dire qu’elle demande une implication dans la relation humaine. Perron: “en psychologie clinique, la démarche dite clinique est une démarche de connaissance du fonctionnement psychique qui vise à construire en une structure intelligible dans faits psychologiques dont un individu est la source” |