Psychologie clinique : CM n°2&3 Le symptôme hystérique Découverte de l’inconscient La découverte de l’inconscient : Charcot (1826-1893) : L’hystérisme est le symptôme qui va permettre la découverte de l’inconscient. C’est Charcot qui va isoler l’hystérie des autres maladies neurologiques et proposer la thérapie suggestive : hypnose. Il distingue quatre phases chez l’hystérique : la phase épileptoïdale, la phase théâtrale avec la contorsion du corps en arc, la phase des attitudes passionnelles avec hallucinations visuelles et la phase du délire terminal. Pour Charcot, les symptômes corporels reposent sur une origine traumatique. Bernheim (1840-1919) : Il est un initiateur moderne de la thérapie. Il critique la méthode suggestive de Charcot du point de vue scientifique et il démontre la résistance du patient à cette méthode. Il va surtout utiliser la parole plutôt que le regard et supprimer le magnétisme. Il montre surtout que l’épisode traumatique qui est à l’origine de l’hystérie demeure hors du champ de la conscience (reste caché). Breuer (1842-1925) et la méthode cathartique : Il joue un rôle important dans la pensée de Freud. Il s’intéresse à la psychologie et à l’hypnose à travers l’hystérie et dès 1877 il travaille avec Freud sur le cas de Anna 0.. Pour lui, il existe un lien entre l’affect refoulé et le symptôme hystérique. Il admet les quatre phases de Charcot et explique la conversion hystérique (paralysie d’un membre) comme un court-circuit électrique mettant en scène une contradiction entre le désir et le contre-désir. Pour lui il s’agit de pratiquer la méthode cathartique pour faire revivre les émotions ou affects liés au traumatisme : abréaction. Freud et l’association libre et le transfert : Il a connu l’hypnose de Charcot. Il emprunte la méthode cathartique avec Breuer mais l’utilise pour accéder aux scènes traumatiques et donner un modèle explicatif sur le symptôme hystérique au niveau économique et énergétique (d’ordre psychique). Les facteurs d’ordre sexuel lui paraissent une étiologie fréquente dans les névroses mais la résistance de l’hystérique est liée au rejet du refoulement dans la conversion : la conversion renferme un fantasme inconscient refoulé. Il existe des traumatismes qui sont inconscients. Il définit la psychanalyse comme « le nom d’un procédé pour l’investigation des processus mentaux à peu près inaccessibles autrement que par cette méthode (fondée sur cette investigation) pour le traitement des troubles névrotiques et d’une série de conceptions acquises par ce moyen et qui s’accroissent ensemble pour former progressivement une nouvelle discipline scientifique. » Les méthodes psychanalytiques qu’il met en place sont : L’association libre : Règle fondamentale de la situation analytique selon laquelle le patient doit exprimer tout ce qui lui vient à l’esprit. Freud renonce à l’hypnose définitivement en 1896 et est en désaccord avec Breuer. La libre association lui permet d’atteindre plus facilement la libération des affects, les souvenirs, les représentations. Le transfert : Permet au patient de revivre avec le thérapeute les expériences infantiles, mais au niveau imaginaire, avec les émotions qui s’y rattachent (régression imaginaire chez le patient qui ne devient pas réalité grâce au contre-transfert du psychanalyste). L’auto-analyse et l’Œdipe : Freud, en découvrant l’hystérie, découvre la technique de la psychanalyse de l’inconscient et commence lui-même à s’auto-analyser à travers ses actes manqués, les associations libres, les transferts et les rêves. C’est à travers ça qu’il va découvrir l’Œdipe et qu’il va généraliser ce conflit psychique à partir du mythe d’Œdipe (surtout en 1912 avec Totem et Tabou). Étiologie du symptôme : Le traumatisme psychique : Le traumatisme psychique apparaît dans la névrose et surtout dans l’hystérie. Il explique leurs causes. Il s’agit d’une incapacité pour le sujet de faire face à une somme d’excitations vers la psyché en fonction de sa maturation dans son développement ou encore d’un choc, d’une violence, intervenant comme une effraction psychique. Pour Freud le premier traumatisme est la scène de séduction que l’enfant subit d’une manière précoce (séduction originaire) et qu’un traumatisme futur vient raviver. Le conflit psychique : Le conflit psychique est au centre de la théorie psychanalytique freudienne. Il désigne l’expression des exigences contradictoires entre le désir et l’interdit, ce qui crée un conflit intra-psychique lié à des représentations qui introduisent deux forces de sens contraire : c’est le paradoxe (deux logiques paradoxales). Le refoulement et la résistance : Le refoulement est une opération mentale par laquelle le sujet repousse dans l’inconscient des représentations liées à une pulsion. C’est un mécanisme de défense qui est à l’origine de la constitution de l’inconscient. La résistance est un concept introduit très tôt dans l’œuvre de Freud. C’est dans l’hystérie que la résistance des patientes à l’hypnose le conduit à prendre en compte ce mécanisme pour comprendre l’étiologie de l’hystérie. C’est un refus d’amener à la conscience par la parole les aspects refoulés du sujet. La formation du symptôme : On observe tout d’abord le premier symptôme qui est la conversion hystérique. Mais pour Freud il y a deux formes d’hystérie : l’hystérie d’angoisse dont le symptôme central est la phobie et l’hystérie de conversion qui exprime le conflit psychique à travers des symptômes corporels. Pour Freud, il s’agit dans l’hystérie de conversion d’un détachement de la libido et de la représentation refoulée (fantasme) qui est transformé en énergie d’innervation (bloque et paralyse une partie du corps concernée). Dans l’hystérie d’angoisse, Freud met en place la phobie comme trait saillant du symptôme. La patiente adopte une peur, une terreur immotivée lors de la rencontre avec un objet, une situation, sans que cela soit justifié. Dans cette forme d’hystérie on rencontre les obsessions où la phobie des maladies devient très importante (sans qu’il y ait conversion). Par la suite Freud détachera l’hystérie obsessionnelle du reste. Les formes contemporaines de l’hystérie : Principales questions : La question principale est celle du sens : avant la découverte de la psychanalyse et de la médecine même, l’hystérie avait un sens sacré. Toutes les civilisations considéraient l’hystérie comme une possession du corps par la maladie. Il s’agit pour tous d’une action démoniaque et qui conduit à l’exorcisme pour guérir les malades. Cette interprétation reste valable dans les civilisations « traditionnelles ». L’hystérie va, par la suite, emprunter un sens culturel et social. Au moment où Freud constate la maladie on observe une épidémie de signes convulsifs chez les femmes de classe ouvrières qui sont appelées hystériques ou victimes de fureur utérine (ce qui ramène à la représentation culturelle de l’hystérie de son lien avec l’utérus par Hippocrate). L’hystérie alors apparaît comme un symptôme culturel lié à la répression féminine. La question devient alors de savoir si la culture crée des personnalités ? Au niveau biologique, la médecine l’avait associé à une maladie héréditaire, organique voire névrologique et c’est Charcot qui l’en a dissocié. Un sens psychologique est donné la première fois par les théoriciens de (Lignos ?) comme résultant d’un traumatisme psychique. L’hystérie est interprétée comme un langage. La clinique de l’hystérie : Freud ramène, dans une première interprétation de l’hystérie, le symptôme à un fantasme inconnu du sujet qui serait lié à la sexualité (tabous) et laisse entrevoir un rapport homme-femme du côté de l’envie de pénis (au travers des attributs sociaux de l’homme à l’époque de forte discrimination sexuelle) dans le développement prégénital de la petite fille. Pour Freud le symptôme hystérique de l’époque à utilisé le modèle historique de l’époque (G. Devreux a dit : « la culture fournit des modèles de prêt-à-porter pour exprimer son mal-être. Pour avoir une chance d’être guérie, il faut choisir le bon modèle. »). Le « saut » du psychisme dans le somatique : La conversion hystérique est interprétée comme un compromis psychique qui permet de gérer le conflit interne. L’hystérie s’offre en spectacle et ne peut s’exprimer que si le spectateur se prête au jeu. Le concept de séduction originaire qui serait à l’origine du traumatisme et à la base du fantasme peut être ravivé lors d’un traumatisme (abus sexuel…) à la puberté chez l’enfant. Freud a abandonné par la suite sa théorie de séduction d’abus sexuel pour développer la notion du fantasme. Cette théorie de séduction originaire sera reprise par Ferenczi en 1932 et par Laplanche qui va amener le concept de séduction généralisé dans le premier rapport précoce mère-bébé et qui serait inévitable dans le développement de l’enfant. Cette conception de Laplanche peut rejoindre celle de la notion du désir développé par Lacan. Conclusion : Il existe une grande différence entre l’hystérique et le malade psychosomatique. En effet pour l’hystérique son corps est son instrument alors qu’il est pour le malade psychosomatique une victime. Si l’hystérique parle avec sa chair, le psychosomatique souffre dans sa chair. Mais cette proximité crée des problèmes pour le diagnostique. |