Psychologie clinique : CM n°10 Les autres modèles théoriques de la psychologie clinique et leurs applications Théorie du comportement : Les principes théoriques : La théorie du comportement s’inspire du béhaviorisme développé par Watson en 1913. Il s’agit d’une approche psychologique selon laquelle la conscience ne peut être objet de la science et l’introspection n’est que confusion. Il s’agit d’étudier le comportement du sujet (réaction nerveuse, musculaire, glandulaire) en interaction avec une situation, un contexte, et rendre accessibles et mesurables les données à tous les observateurs. Tous les comportements doivent être objectifs. Le béhaviorisme a évolué entre temps et intègre la conscience avec Tolman qui attribue une signification aux conduites, qui a un caractère intentionnel pour aboutir à un but. La psychologie comportementale apporte à la psychologie contemporaine, par le fait de la saisie qu’elle offre, une approche globale de l’être humain en interaction avec son milieu. On observe différentes formes d’approches : - Le conditionnement classique selon la méthode de Pavlov qui va développer son intérêt pour la pathologie humaine. Sa théorie sera reprise par différents chercheurs et praticiens (En Afrique du Sud par Wolbe en 1959, en Angleterre par Shapiro en 1951 et Eysenck en 1960). - Le conditionnement opérant développé par Thorndike et Skinner en 1953 et en France par Richelle en 1972. - Le conditionnement social ou paradigmatique élaboré par Straats qui est une théorie hiérarchique avec la volonté d’unifier différents courant de la psychologie. En France, ce courant est développé depuis 1984 par Cottraux. Biologique Pensées Émotions Comportement Applications de ces théories : Les principes même de la théorie comportementale résident dans le fait que le symptôme ne provient pas d’une cause interne mais externe, attribuée au milieu. Les comportements normaux et anormaux sont acquis et entretenus par les mêmes mécanismes selon des lois générales de l’apprentissage impliquant le système cognitif et un conditionnement. On ne s’intéresse pas aux conflits psychiques internes sous-jacents. Tout est centré sur le comportement, le symptôme en tant que réalité qui entrave l’adaptation sociale. Par exemple, pour Straats (1986), un schizophrène souffre de cette maladie parce qu’il a des lacunes au niveau du système émotionnel et motivationnel, ce qui entrave son adaptation sociale à la réalité. Les thérapies impliquent le comportement émotionnel, cognitif et moteur. Elles se présentent comme la psychologie scientifique parce qu’elle est objectivable. Le but consiste à agir sur le comportement pour modifier une séquence comportementale, sur les cognitions pour désactiver les connexions antérieures qui entravent le comportement (déconditionnement), et sur l’émotion pour solliciter le sensation de plaisir et déplaisir (ré-apprentissage). Le déroulement de ces thérapies comprend quatre phases : - L’analyse fonctionnelle pour étudier le comportement et les réponses inadaptées du sujet à des stimuli (évaluation). - Définir un objectif de traitement avec le patient pour l’impliquer et le rendre actif. - Le mise en route du programme de traitement. Il s’agit d’un processus d’auto-verbalisation, d’autorégulation des comportements par le patient (y compris, et surtout, au cours de le vie quotidienne). - L’évaluation des résultats par le patient pour vérifier s’il s’est approprié le nouveau comportement appris. Indications de ces thérapies : les phobies simples, les traumatismes réels (attentats, guerres, génocides etc. qui engendrent des attaques de paniques), les obsessions-compulsions sans dépression grave (rites pendant la journée), les troubles anxieux. Par contre cette thérapie est contre-indiquée aux mélancoliques, à la schizophrénie aiguë (délirante), aux paranoïaques. L’orientation éco-systémique : Les principes : Cette théorie générale s’inspire de celle des systèmes avec l’idée que l’homme est en interaction avec son milieu social et écologique. Les troubles psychiques sont les effets de cette rencontre. Différents chercheurs se sont orientés vers ce domaine : le sociologue français Durkheim en 1897 notamment. Il établit une corrélation entre le taux de suicide et la classe sociale défavorisée. Dans le monde anglo-saxon, on retrouve Adler, Eric Fromm, Sullivan et Karen Horney. Cette théorie des systèmes s’inspire du modèle cybernétique et pragmatique de la communication humaine qui propose l’idée que chaque sujet a une programmation interne d’une loi interne qui fonctionne en interaction avec la famille qui, elle-même, a ses règles. Cette loi des systèmes vise à deux fonctions apparemment contradictoires : la tendance homéostatique (en vue de maintenir l’équilibre) et la capacité de transformation au sein d’un groupe. Selon Bertalanffy (1968), cette théorie établit, à partir d’observations du fonctionnement de la structure d’un groupe, des composantes en interaction qui agissent ensembles dans le seul souci de préserver l’équilibre du groupe. Par exemple, Bateson (anthropologue américain) étudie en 1938 le rituel du « naven » en Océanie, montrant la fonction médiatrice de ce rite pour favoriser l’équilibre dans le groupe familial homme-femme et le groupe social. C’est à partir de cette étude qu’il élabore la théorie de la thérapie familiale systématique et il démontre que dans les familles schizophrènes il existe une communication paradoxale : le double lien / double contrainte (double discours qui rend impossible de se repérer). Les applications : Particulièrement dans les thérapies familiales systémiques. Ce courant se développe en Italie avec Selvini qui précise : « la famille est un système autorégulé qui se gère au moyen des règles qui se forgent par essai ou par erreur ». La pensée de Selvini intègre le fait que chaque famille a son histoire, connue ou pas, et forme une unité systémique originale selon une loi interne définie pour maintenir l’équilibre. Il y a, pour lui, des familles à transaction pathologique ou incestueuse. Le but de la thérapie familiale est de modifier la règle fondamentale pour faire disparaître le comportement pathologique. Indications : réhabilitation des familles schizophrènes, anorexiques etc. La mise en pratique de la thérapie : elle intègre une séance qui se déroule avec deux psychothérapeutes et deux superviseurs derrières une glace sans teint. Il y a, après la séance, discussion, conclusion d’une séance à une autre et un procès verbal de chaque séance. Dans la séance le psychologue provoque la transaction entre les membres pour observer les comportements et repérer leurs règles. Dix séances de thérapie sont prescrites et renouvelables. Le but est de relever les communications erronées et les disfonctionnements, prescrire des rituels familiaux pour détruire le mythe souvent élaboré sur trois générations. L’orientation bio-psychologique : Cette théorie met l’accent sur les facteurs biologiques et psychosociaux dans la détermination du comportement. Ceci concerne par exemple des patients atteints de lésions cérébrales. Il s’agit dans ce cas de prendre en compte les facteurs biologiques qui entraînent les désordres cognitifs et l’influence de l’entourage par rapport au symptôme pour évaluer les effets au niveau définitif ou passager dans la vie quotidienne. Cette théorie est beaucoup appliquée dans la neuro-science, au carrefour de la neurologie, de l’anthropologie psychique, de la psychologie et de la psychiatrie, et implique des thérapies multi-variées. |