Psychologie clinique : CM n°1&2

Histoire de la psychologie clinique

Naissance de la psychologie clinique :

Naissance de la clinique :

La clinique :

La notion de clinique est un concept qui restera longtemps le monopole de la médecine car celle-ci a été à l’origine de sa conception. Il s’agit d’une observation faite au lit du malade sans l’utilisation d’instrument. Ce principe implique le corps du médecin comme instrument (la vue, l’ouie, le goût et l’odorat).

Depuis Hippocrate (18ème siècle) la position clinique du médecin se dégage par l’écoute, l’observation des symptômes qui expriment des traits de personnalité permettant d’établir des entités nosologiques (syndrome) qui prennent le corps du malade. Pour tout ce qui relève de ce qui se passe dans la tête, les malades seront orientés vers des exorcistes.

La psychologie :

La psychologie clinique naît de la rencontre entre deux forces : la philosophie et la médecine. De cette rencontre elle va passer par trois étapes : début 19ème siècle avec des médecins comme Cabanis et Destutt de Tracy ; au 19ème siècle avec Charcot et Janet ; après la seconde guerre mondiale, où il apparaît la notion de conflit intra-psychologique avec Ey, Lagache et Boutonnier.

La psychologie naît avec une humanité empruntée à la philosophie et une rigueur scientifique empruntée à la médecine. La première branche de la psychologie est la psychologie expérimentale qui est la plus proche de la médecine.

La psychologie clinique en France :

A la fin du 19ème siècle, une revue « Psychologie clinique et thérapeutique » dirigée par deux médecins Valentin et Hartemberg apparaît comme la première intuition de cette discipline à inventer.

Pinel :

Ce médecin est le père de la psychiatrie française (Rush pour les Etats-Unis et Tuke pour l’Angleterre). Il fonde l’asile moderne aux côtés de ses collègues animés par un esprit humaniste et Pinel fait disparaître les thérapies brutales imposées aux patients.

Son travail porte sur l’aspect médico-philosophique de l’aliénation mentale ou la manie. Ce travail datant de 1801 vient concrétiser son cheminement vers le mental.

Le terme de psychiatrie apparaît en (1902 ?) et remplace la médecine aliéniste. La psychiatrie se détache de la médecine générale, devient une discipline indépendante et oriente ses travaux sur la vie mentale, les troubles et les traitements.

Charcot :

Médecin-chef en 1862, il étudie les maladies neurologiques et s’intéresse dès 1870 à l’hystérie considérée comme une maladie nerveuse. Charcot va distinguer progressivement les épilepsies et les hystéries des autres maladies neurologiques. Il va surtout considérer l’origine traumatique dans l’hystérie et met en place une méthode de traitement pour les hystériques : l’hypnose.

Pour Charcot, la psychologie clinique serait attachée au domaine médical et étudie la vie psychique considérée comme un tout. Il la différencie de la psychologie expérimentale.

Janet :

Théoricien de l’automatisme psychologique, il est le fondateur de l’analyse psychologique, un des pionniers de la psychologie dynamique. Il est partisan de l’hypnose et réalise sa thèse sur l’état mental des hystériques avec Charcot.

Son intérêt particulier se porte sur le somnambulisme et les personnalités multiples. Sa méthode consiste à élaborer la psychothérapie appelée analyse psychologique, fondée sur les antécédents du sujet pour confirmer la notion d’automatisme psychologique (répétition). Janet récuse la théorie Freudienne par la suite.

Il voit l’intérêt de la psychologie clinique pour la médecine mais pour lui c’est aux philosophes de la bâtir. Dès 1890 on lui attribue la paternité de la psychologie clinique pour l’intitulé de son laboratoire à la Salpetrière : « Laboratoire de la psychologie de la clinique ».

Cependant il va élaborer la méthode de la psychologie clinique à travers des études de cas (notamment le cas de Madeleine en 1910) et il publie « De l’angoisse à l’extase » sur Madeleine. Il parle surtout de l’étude et conduite supérieure. Il est le précurseur à travers la méthode qu’il introduit : l’étude de cas.

Spécificité de la psychologie clinique :

Apport de Daniel Lagache :

Lagache est le fondateur de cette discipline. Il abandonne son poste de médecin-chef à Sainte-Anne pour occuper en 1937 la chair de sciences humaine à Strasbourg en faculté de lettres. Il passe un doctorat de lettres, il est analysé et en 1938 il parle de nouvelle psychologie « totalitaire et concrète ». En 1941 il trouve un autre concept : il parle de l’homme en situation et le drame des conflits dans l’existence humaine (en lien avec le milieu social). En 1945 il crée une licence libre de psychologie et parle de psychologie en profondeur pour la différencier de la psychanalyse.

Il écrit « La méthode clinique en psychologie humaine » et annonce que la psychologie clinique est le meilleur instrument dans le domaine humain et le moyen de communication et de contrôle en discipline de psychologie. Dès 1949, dans une conférence, il annonce trois approches possibles : clinique, psychanalytique et expérimentale, dans l’étude de la conduite humaine. La psychologie clinique est pour lui caractérisée par l’investigation systématique complète de cas individuels (notion de singularité).

Apport de F. Boutonnier :

Dès 1949 elle rencontre Lagache et va suivre sa pensée. Elle crée un laboratoire de psychologie clinique en 1966 et fonde le premier certificat de maîtrise optionnelle.

Pour elle, la psychologie clinique un art, une science, une technique qui s’applique aussi bien à la clinique du normal qu’à la psychopathologie. La psychologie clinique met, selon elle, en contact deux totalités (deux personnes) au niveau de l’intersubjectivité. C’est une synthèse possible entre la psychologie clinique et la psychanalyse.

Objets et buts :

Le but de la psychologie clinique est l’étude d’une personnalité singulière dans la totalité de sa situation et de son évolution. (Synthèse entre Lagache et Boutonnier). Lagache a insisté en 1949 sur une position du clinicien enclin à  conseiller, guérir, éduquer. En 1951 il va nuancer cette position : aider le sujet à dénouer les conflits dans son rapport au monde. On note une certaine articulation avec le social. Pour lui, un psychologue n’est pas forcément analysé mais cela affine l’écoute (à la différence de Boutonnier qui implique directement la psychanalyse qui s’adresse à la réalité subjective sans interférence avec la réalité concrète).

Selon Lagache les méthodes techniques sont  la méthode historique (dépouillement des dossiers du malade), la technique d’observation directe et d’entretien, les tests, les épreuves projectives (sur la personnalité), la morphologie qui s’inspire de la Gesltat et la graphologie. Il ajouta comme technique l’observation continue en cas de placement d’enfant ainsi que l’investigation psychanalytique comme interprétation et lecture.

On distingue la psychologie naturaliste (en milieu naturel) et la psychologie humaniste avec trois grands principes :

-          L’aspect psychodynamique basé sur la théorie du conflit avec le monde externe. Le but est d’aider à dénouer ces conflits  avec les méthodes citées ci-dessus. Boutonnier introduit l’entretien non directif (libre) associé à l’observation du non-verbal et d’inspiration psychanalytique (notion de transfert et de co-transfert ).

-          Prendre le sujet dans sa totalité, l’homme en situation, avec le contexte de vie passée, présent, les traumatismes et l’aspect inter-générationnel de son histoire.

-          La psychogenèse qui va conduire à la psychologie clinique, à l’étude de l’origine et de l’évolution des fonctions psychiques. Les causes psychiques (traumatiques) pouvant ainsi devenir un modèle explicatif d’un motif de comportement.

Champ d’application :

La psychologie clinique s’applique aussi bien à la clinique du normal qu’à la clinique pathologique dans les secteurs de la santé (bébés, crèches, centres de protection de la maternité et infantile : PMI, pouponnières, consultations conjointes avec la psychiatrie), de la santé mentale (hôpitaux psychiatriques, hôpitaux de jour, centres médicaux psychologique, pédopsychiatrie) mais aussi de la justice (fonction d’experts auprès des tribunaux, protection de l’enfance en danger auprès des juges pour enfants, prisons), de l’éducation (éducateurs spécialisés pour l’enfance inadaptée), de l’assistance aux victimes (de violences, d’attentats, de viols, d’abus sexuels, de violences en ambulatoire : services de transports en commun tel que la RATP…).

Au niveau de l’éthique tout clinicien doit manifester son intérêt altruiste qui veut de bien au sujet (pas d’interprétation hâtive, de conseil inadapté). Il est punissable par la loi dans le cas contraire. Il est soumis au secret professionnel qui est levé seulement lors de révélation d’abus sexuel par un enfant de moins de 15 ans. Il a une responsabilité en équipe car sa parole compte beaucoup.

Rôle de psychologue clinicien :

Son rôle est d’établir un diagnostique, d’aider en accompagnant le sujet dans sa souffrance et de conseiller dans la guidance parentale. Il peut aussi superviser une équipe de travailleurs sociaux.

Statut du psychologue :

Le premier diplôme apparaît en 1967 avec la maîtrise qui attribut la fonction de psychologue.  La création du DESS de psychologie clinique et psychopathologique sera reconnue en 1985 comme diplôme d’état. Toute administration réclame, depuis, ce diplôme pour embaucher.

 

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