Histoire de la psychologie : TD n°3

Gall et Spurzeim : la phrénologie

La phrénologie est une théorie apparue au début du 19ème siècle et qui se présente comme l’étude de l’ensemble des caractéristiques individuelles à partir de la conformation du cerveau et du crâne. Le terme de phrénologie a été inventé par Forster et la théorie de Gall et Spurzeim porte le nom de cranioscopie. Bien que sa théorie soit fausse, Gall a ouvert la voie de l’exploration et la connaissance du cerveau. Il a commencé par établir une sorte de cartographie du cerveau pour localiser ses différentes zones. Il est le pionnier de l’imagerie cérébrale. C’est la première étape vers la neuropsychologie et l’étude des neurotransmetteurs pour aboutir aux neurosciences.

Gall et Spurzeim ont établi que les troubles mentaux viennent d’une lésion cérébrale. Le cerveau était jusque là considéré comme un viscère contenu dans la boîte crânienne dont on ne connaissait pas le fonctionnement. Les premières expériences sur le cerveau vont mettre en évidence l’existence de quatre ventricules ainsi que de la ligne médiane qui sépare les deux parties du cerveau. Le rôle du cortex cérébral est mis en évidence par Gall. Il s’agit de la partie du cerveau la plus complexe et qui commande la pensée et les action les plus complexes (présente chez les mammifères supérieurs et l’Homme). Gall met au point des techniques de dissection nouvelles et découvre l’existence des circonvolutions. A chaque partie du cerveau, il va attribuer une fonction spécifique et distincte des autres : théorie des localisations qui va donner naissance à la phrénologie selon laquelle le développement ou non d’une partie du cerveau entraîne le développement ou non de la fonction correspondante.

En 1808, Gall écrit « recherche sur le système nerveux en général et sur le cerveau en particulier » et avec Spurzeim, il publie les deux premiers tomes de somme de la phrénologie. A partir d’observations biologiques, Gall et Spurzeim tirent des conclusions sur les aspects moraux de l’Homme. La phrénologie aura un très grand succès mais elle sera vite contestée en France vers le milieu du 19ème siècle. Gall et Spurzeim ont été accusés de saper les fondements de la religion et prôner le matérialisme en montrant l’Homme comme fonctionnant sur un déterminisme biologique. Selon Gall, les qualités intellectuelles et facultés morales sont innées. Les caractéristiques individuelles dépendraient de l’organisation du cerveau qui est l’organe de tous les sentiments, de tous les penchants, de toutes les facultés. Il y a dans le cerveau, autant d’organes particuliers que de penchants. Pour Gall, c’est la forme même du crâne qui permet de découvrir les qualités et facultés fondamentale d’un individu. Les méthodes qu’il prône sont la palpation et la mensuration. Gall et Spurzeim donnent une vision très morcelée du cerveau mais des recherches ultérieures mettront l’accent sur le fonctionnement unitaire, dynamique, de celui-ci. Gall et Spurzeim expliquent la diversité des facultés par l’organisation des différentes parties entre elles (et non par rapport à la masse du cerveau). Ils établissent alors une typologie des individus à partir de la forme des crânes.

 


Comte et le positivisme

Comte est le fondateur du positivisme, courant philosophique qui affirme le caractère primordial de la connaissance des faits. Pour les positivistes, l’esprit doit se trouver au plus près des faits pour les démarches scientifiques, pour se débarrasser de ses préjugés et ainsi mieux comprendre les phénomènes. La démarche scientifique consiste à étudier les phénomènes, les lier et énoncer les lois permettant de comprendre les relations entre ces phénomènes. Comte établit une classification des sciences inséparable de la loi des trois états qui repose sur l’idée que l’individu passe par trois étapes qui sont les mêmes que les étapes du développement de l’humanité en général. Les trois états conduisent à l’émergence de la condition scientifique :

-          L’état théologique (enfance) : Dieu est pris comme cause de toute chose.

-          L’état métaphysique (adolescence) : des concepts et notions abstraites sont utilisées pour expliquer le monde.

-          L’état positif : achèvement de la connaissance avec démarche réellement scientifique rendue possible par la limitation à l’observation de faits certains, par l’esprit.

Comte récuse la méthode psychologique basée sur l’introspection qui ne peut donc pas être scientifique. Il vise, à travers cette critique, l’hégémonie de la philosophie spiritualiste qui est à l’origine d’une psychologie très imprégnée de métaphysique. Cette philosophie affirme l’unité du moi et a pour méthode principale l’introspection. La critique de Comte a donc un double enjeu : renverser les bases de la philosophie spiritualiste et affirmer que la psychologie ne deviendra jamais une science. Comte dit que les spiritualistes ont été obligés de faire un compromis entre leur métaphysique et l’empirisme et le positivisme : l’observation extérieure et intérieure (se regarder en train de penser). Mais compte renvoie la théorie spiritualiste à un sophisme, exercice rhétorique sans contenu. Il fait une analogie avec la vision qui nécessite l’œil alors que dans le spiritualisme l’instance observant est l’objet de l’observation et l’esprit ne peut pas se dédoubler, faire et se regarder faire. Comte émet cependant l’hypothèse que l’esprit puisse observer les sentiments. En théorie, il pense ça possible car le siège des passions (le cœur) n’est pas le même que celui de l’esprit. Pourtant il se rend compte que l’état de passion brouille l’analyse, en pratique. Il en conclut que cette hypothèse n’a pas de valeur scientifique.

 

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