Histoire de la psychologie : CM n°8&9

Quelques éléments d’histoire du mouvement psychanalytique

Sigmund Freud (1856-1939) :

Note biographique :

Freud était neurologue et a décidé de s’installer à Paris en 1885 à la Salpêtrière puis il ira à Nancy. Freud rencontre Wilhelm Fliess  avec lequel il entretient une grande amitié. Dans ses correspondances avec Fliess, il élabore sa théorie de la psychanalyse. Abec Breuer (1842-1925), il publie « les études sur l’hystérie ». L’ouvrage fondamental de Freud est « l’interprétation des rêves » en 1900 introduit par « si je ne puis fléchir les cieux, je remuerai l’enfer ».

Institutionnalisation de la psychanalyse, quelques dates :

Une toute petite société, « la société de psychologie du mercredi » avait lieu chez Freud avec quatre membres. Elle va s’agrandir pour former la « société psychanalytique de Vienne ». En 1908, le premier congrès international de la psychanalyse a lieu ainsi que la fondation de la première revue de psychanalyse fondée à Vienne : « journal pour les recherches psychopathologiques et psychoanalytiques ». En 1910 est fondée l’association psychanalytique internationale (IPA de nos jours) sous l’initiative de Jung.

Brèves considérations sur la « découverte freudienne » :

Ce qu’on attribuait à Freud était la découverte de l’inconscient mais cette notion existait bien avant avec deux grandes sortes : l’inconscient physiologique (automatismes provenant du fonctionnement du système nerveux selon les considérations de l’époque). C’est ainsi que l’on considère que l’inconscient va à l’inverse de la psychologie qui étudie seulement les faits de conscience. Avec Freud, on parlera d’inconscient psychologique. Lipse avait écrit des textes sur l’inconscient et Freud a repris le fait que l’important en psychologie était l’inconscient, que le problème de l’inconscient est le problème de la psychologie elle-même. Freud dit : « l’inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité ». Il introduit le préconscient qui peut revenir à la conscience sous certaines conditions contrairement à l’inconscient même dont on observe que les manifestations. Freud dit que l’inconscient n’est qu’une hypothèse mais qui est nécessaire : « les données de la conscience sont lacunaires ». On fait parfois des actes psychiques dont on ne connaît pas le motif. Supposer qu’une partie de ces actes psychiques échappe à la conscience permet de rétablir la continuité psychique, c’est à dire de combler les lacunes de notre vie consciente. Mais l’inconscient n’est pas inactif.

Freud fait remarquer que ses objets d’études sont des thèmes qui n’étaient pas très étudiés par las psychologues à l’époque (sauf le rêve). Ginzburg fait remarquer que la méthode d’interprétation des Freud repose sur la prise en compte de phénomènes généralement délaissés par les psychologues et il rapproche la méthode de Freud de celle d’un historien de l’art : Morelli. En effet, au 19ème siècle, i les met en place une série de disciplines qui se fonde sur les indices, les détails (graphologie par exemple) mais aussi en littérature (Sherlock Holmes).

Deux autres théories de l’inconscient :

Alfred Adler (1870-1937) :

Éléments biographiques et bibliographiques :

Comme Freud, il est viennois et appartient au même milieu (commerçants juifs). Il est d’abord médecin généraliste puis psychiatre. Il s’intéresse d’abord à la médecine et l’hygiène sociale. En 1910, il est nommé président de la société psychanalytique de Vienne mais démissionne en 1911 en raison de son désaccord avec Freud. Il va fonder « la société de psychanalyse libre » qui sera remplacée par « société de psychologie individuelle ». A partir de 1932, il part aux USA mais meurt en Écosse lors d’une période de conférences. En 1907, il publie « les études sur les infériorités organiques » et en 1912 « le tempérament nerveux ».

La théorie des infériorités organiques :

C’est le point central des théories d’Adler. Selon lui, certaines infériorités organiques peuvent engendrer un sentiment d’infériorité qui va être à l’origine de processus psychiques inconscients qui vont entraîner des mécanismes de compensation. Chez Freud, il existe les instincts du moi qui sont à l’origine du principe d’autoconservation mais chez Adler, ces instincts du moi sont des instincts de développement ou d’exaltation de la personnalité à l’origine de ce qu’il appelle la volonté de puissance (empruntée à Nietzsche) : l’individu réagit à tout ce qui peut porter atteinte aux sentiments de sa valeur personnelle (sentiment d’infériorité). Pour lui, la névrose est due à des sentiments d’infériorité organique mais aussi à des sentiments sociaux. Pour Adler, l’inconscient est dominé par l’activité compensatrice qui a pour but d’affirmer notre puissance en réaction à nos infériorités (réelles ou supposées).

Carl Gustav Jung (1875-1965) :

Éléments biographiques et bibliographiques :

C’est un Suisse allemanique qui débute sa carrière à Zurich. En 1902, il soutient sa thèse de médecine « la psychologie et la pathologie des phénomènes occultes » qui porte sur sa cousine, medium spirit. Il entre à l’hôpital de Zurich : le Burghölzli et travaille avec Bleuler. En 1906, il correspond avec Freud et est considéré par celui-ci comme le plus brillant de ses disciples et son successeur. En 1909, il accompagne Freud dans son voyage aux USA. En 1910, il est le premier président de l’IPA mais en 1911 il commence à être en désaccord avec Freud et quittera le mouvement freudien et ses fonctions en 1913. Après la guerre, il voyage beaucoup et s’intéresse à la mythologie et l’ethnographie. En 1933, avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, le président de psychothérapie et Jung accepte de la remplacer (ce qui lui a été reproché comme sympathie envers le nazisme même s’il se défend d’avoir voulu sauver ce qui pouvait l’être). En 1935, il fonde « la société Suisse de psychologie pratique » et est mondialement connu. En 1912 il a écrit « les transformations et les symboles de la libido », en 1913 « contributions à l’étude des types psychologiques » et en 1934 « l’homme à la découverte de son âme ».

La psychologie analytique :

Jung était connu pour utiliser un test d’association verbale qui permettait d’analyser les complexes affectifs : représentations refoulées et chargées affectivement. L’idée de Jung est qu’une complexe se comporte comme un aimant : il entraîne dans le refoulement tout ce qui évoque les images refoulées, même indifférentes. D’un mot associé par le sujet à un autre, on peut ainsi remonter au nœud du complexe. De plus, selon lui, plus le temps de réaction est long, plus la résistance du sujet est forte : indice de complexe.

La différence fondamentale avec Freud porte sur la libido. Pour Freud, la libido est une énergie sexuelle alors que pour Jung c’est l’énergie psychique en général. Il applique la loi de conservation de l’énergie au psychisme : système clos qui conserve un potentiel énergétique constant mais qui se transforme. La libido, selon lui, innerve la conscience mais peut s’abaisser au somatique.

Jacques Lacan (1901-1981) :

Lacan et le mouvement lacanien :

En 1926, il entreprend une spécialisation à Sainte Anne dans le service du Dr H. Claude, le premier à avoir introduit une consultation psychanalytique dans un hôpital psychiatrique. Il va ensuite dans le service des aliénés de la préfecture de police mené par Clérambault (qui a mis en évidence l’automatisme mental). Lacan est fortement influencé par celui-ci. En même temps, il participe au groupe de l’évolution psychiatrique composé de psychanalystes voulant introduire la psychanalyse dans la psychiatrie : la psychiatrie dynamique. Ils fondèrent par la suite la société psychanalytique de Paris (SPP). Lacan soutient sa thèse de médecine « de la psychose paranoïaque dans ses rapports à la personnalité ». En 1934, il va être admis à la SPP. En 1952-53, il y a une crise au sein de la SPP au sujet de l’analyse profane (analyse pratiquée par les non-médecins) et de la formation générale des analystes. Cette crise aboutit à une scission. Lagache, Boutonnier et Dolto fondent alors la société française de psychanalyse (SFP) auquel Lacan adhère. L’IPA refuse de reconnaître cette nouvelle société jusqu’en 1961 où elle envisage de le faire à condition que Lacan et Dolto en soient exclus. En 1962, on interdit à Lacan d’avoir des élèves et il quitte alors la SFP et fonde en 1964 l’école freudienne de Paris. La SFP devient la société psychanalytique de France et est reconnue par l’IPA contrairement à l’école freudienne de Paris. Finalement en 1980, Lacan dissout cette école et fonde la cause freudienne mais elle éclatera après sa mort. Il y aura par la suite plusieurs écoles lacaniennes différentes. En Angleterre et au Brésil, la tendance lacanienne est largement dominante.

Le retour à Freud :

Lacan dit qu’il fait une nouvelle lecture de Freud, un retour à Freud, qu’il élabore tout au long de son séminaire entre 1951 et 1980. Lacan n’a pas beaucoup écrit mais en 1966, il publie « Ecrits » qui est un regroupement de ses textes (son style est dit amphigourique c’est à dire obscur, inintelligible, ce qui lui a été reproché). Dans les années 30, il s’intéresse à la philosophie et suit les cours de Kojeve (qui introduit Hegel en France) et Koyne (sur les sciences). Il va aussi fréquenter Merleau-Ponty et être très influencé par Claude Lévi-Strauss (anthropologue). Lacan revient sans arrêt sur son opposition aux orientations prises par la psychanalyse aussi bien en France que dans les pays anglo-saxons. Il dit que la psychanalyse est devenue normative et adaptative. Selon lui, la psychanalyse a pour but l’identification de l’analysant au moi fort de l’analyste. Lacan met l’accent sur la fonction de méconnaissance du moi. Il reproche aussi à la psychanalyse d’être devenue biologique car elle met à sa base une théorie de la pulsion. Lacan met en avant sa théorie du signifiant : ce qui est premier dans l’expérience psychanalytique est le langage et plus particulièrement la dimension langagière de l’inconscient. Pour lui, l’homme est un « parlêtre » et sans le langage il n’y a pas d’inconscient : « l’inconscient est structuré comme un langage ». Lacan vise à réfuter toute interprétation biologisante dans les interprétations de Freud, par le déchiffrage des symboles par exemple. Lacan n’a pas été apprécié car il a condamné la psychologie comme incompatible avec la psychanalyse.

 

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