Histoire de la psychologie : CM 7

La psychologie de la forme : Gestalt-théorie

Introduction :

Cette théorie permet de distinguer deux orientations en psychologie. Classiquement, on oppose l’élémentarisme aux conceptions dites globalistes (ou holistes) où les conduites constituent des globalités qui ne peuvent pas être décomposées en parties élémentaires. C’est de cette conception que se réclame la théorie de la gestalt. Elle fait porter ses critiques sur l’associationnisme et le béhaviorisme qu’elle accuse de se calquer sur la physique et la chimie. Pour les gestaltistes, les philosophes associationnistes ne permettent pas de comprendre l’organisation et la finalité de la pensée.

Les origines :

Il faut tenir compte des progrès techniques de l’époque comme la découverte du mouvement apparent en 1870 et l’invention du stroboscope (mouvement obtenu par défilement d’images) par Stamper (précurseurs du cinéma). Un des fondateurs de la théorie de la forme est Wertheimer. Il va faire beaucoup de travaux sur l’effet stroboscopique et la perception du mouvement. Mais on pense que la gestalt trouver surtout son origine dans la philosophie allemande.

La psychologie de l’acte de Franz Brentano (1838-1917) :

Il publie en 1874 « psychologie du point de vue empirique » et définit sa psychologie comme une psychologie de l’acte par opposition à une psychologie du contenu. Dans les phénomènes psychologiques, il y a toujours selon lui un aspect intentionnel. C’est un précurseur de la phénoménologie.

L’école autrichienne de Graz (avec notamment Mach, Benussi et Husserl) :

Refus de l’associationnisme mais avec une certaine fidélité à l’élémentarisme. Pour la psychologie classique (de Wundt par exemple), une même excitation doit toujours produire la même sensation. Mais Von Ehrenfels souligne qu’une mélodie peut être transposée sans être altérée (changement de ton, donc plus les mêmes notes, mais la mélodie reste la même) : la mélodie possède donc des qualités formelles, indépendantes des notes qui la composent, qui seraient d’un ordre supérieur aux données élémentaires fournies par la sensation. Il faut donc intégrer l’espace et le temps à la sensation. L’école de Graz insiste sur l’indépendance de la forme à l’égard de la qualité mais ils ne disent pas que les qualités formelles dépendent forcément d’une activité mentale organisatrice. La coexistence des sensations suffit à produire ce résultat.

La phénoménologie :

Son fondateur est Husserl (1859-1938).

La théorie de la forme :

Principes généraux :

L’école de Graz disait que les qualités formelles étaient d’un ordre supérieur aux données de la sensation. Les gestaltistes disent qu’on ne peut pas psychologiquement penser la sensation. Psychologiquement, une sensation isolée n’existe pas. Ce qu’on perçoit d’abord est une forme. Notre champ perceptif est structuré. Les sensations sont transposables et une partie dans un tout est autre chose qu’une partie isolée ou dans un autre tout. La valeur d’une partie est donc déterminée par le tout. La totalité est perçue directement et sans apprentissage. L’objet d’étude privilégié est la perception : les gestaltistes s’attachent à caractériser les conditions qui nous permettent d’opérer une ségrégation perceptive (isoler des unités, des formes, sur un fond) : lois de la forme.

L’hypothèse de l’isomorphisme :

Les gestaltistes pensent qu’il y a une sorte d’unité du monde et qu’il y aurait à la fois dans le système nerveux, dans les faits psychologiques et dans le monde lui-même, des espèces de correspondances dans les formes : mêmes lois entre les formes dans le monde physique, physiologique et psychologique.

Les domaines d’application de la théorie de la forme :

Globalement, les gestaltistes pensent que pour comprendre son comportement il faut le décrire en fonction du monde que l’individu perçoit. Kurt Goldstein, psychiatre spécialiste de l’aphasie, dit qu’il ne faut pas examiner seulement le comportement verbal des malades, mais tous leurs comportements. Il découvre que l’ensemble du comportement est modifié chez certains malades. Dans le domaine de la psychologie expérimentale, les gestaltistes appliquent leurs principes à la résolution de problèmes et l’apprentissage en général. Contrairement aux béhavioristes qui pensent que l’apprentissage se fait progressivement, les gestaltistes disent qu’il fait apparaître une meilleure organisation : pas une juxtaposition d’éléments mais des rapports entre éléments. Köhler montre que les chimpanzés ne résolvent pas les problèmes par essais et erreurs mais par la découverte brusque d’une solution. Résoudre un problème c’est donc procéder à une restructuration du champ (exemple des neuf points à relier avec quatre segments sans lever le stylo).

 

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