Histoire de la psychologie : CM6&7

La psychologie dans les pays anglo-saxons

Dans les pays anglo-saxons, il y a une grande influence de l’évolutionnisme en psychologie mais les Anglais et Américains développent leur psychologie sous le signe du pragmatisme et mettent donc l’accent sur les applications pratiques.

Les débuts de la psychologie en Grande-Bretagne :

Le psychologue principal est Galton (1822-1911), cousin de Darwin. Il travaille sur l’hérédité et publie en 1869 « l’hérédité du génie ». Contrairement à ses contemporains, il ne croit pas à l’hérédité des caractères acquis et considère que certains caractères héréditaires restent latents (ne se manifestent pas dans un organisme mais peuvent pourtant être transmis aux descendants). C’est une idée reprise par Weismann qui distingue le soma (organisme de l’individu) et le germen (caractères transmis par les gamètes) : différence entre phénotype et génotype (avec les allèles récessifs par exemple). Le milieu et les conditions sociales ne vont plus jouer qu’un rôle secondaire et donc négligeable et l’hérédité devient toute puissante. Il commence alors à mesurer des caractéristiques physiques et sensorielles sur un grand nombre de sujets pour en déduire des lois statistiques de l’hérédité et des corrélations familiales. Il constate qu’un caractère très marqué chez les parents tend à régresser chez les enfants : la sélection naturelle n’est pas le mécanisme de l’évolution selon lui, elle est juste nécessaire au maintien de l’espèce. Dès qu’une espèce cesse d’être soumise à la sélection naturelle, elle tend à dégénérer, ce qui est le cas de l’espèce humaine. Galton préconise alors d’améliorer la race en pratiquant une sorte de sélection artificielle. Il fonde une sorte de science de l’amélioration des lignées qu’ils baptise « l’eugénisme ». Des sociétés d’eugénistes vont être crées. En Angleterre, Karl Pearson est militant eugéniste et aux USA, le mouvement eugéniste s’appuyait sur la crainte des émigrants d’Europe du Sud et de l’Est.. En 1908, le test de Binet et Simon est introduit par Henry Goddard (eugéniste) qu’il utilise pour mesurer l’intelligence héréditaire (utilisation différentes des objectifs de Binet). En 1917, les USA entrent en guerre et les psychologues utilisent ce test pour évaluer les aptitudes des soldats pour mieux les affecter. Ils publient les résultats après la guerre et disent que l’âge mental du soldat blanc moyen est de 13 ans. Les eugénistes s’appuient sur ces résultats pour noter la dégénérescence et prennent des mesures de stérilisation des déviants et faibles d’esprit, d’interdiction de mariage pour ceux-ci et de diminution des quotas d’immigration (mesures du même type qu’au début du régime nazi). L’eugénisme prend un coup d’arrêt après la seconde guerre mondiale.

Les débuts de la psychologie aux Etats-Unis :

William James (1842-1910) :

Il a joué un très grand rôle dans la psychologie mondiale. Il est issu d’une famille cultivée, riche et cosmopolite. Il fait une partie de sa scolarité en Europe et fonde à Harward un laboratoire de psychologie. Il publie en 1890 « principes de psychologie » où il a une conception adaptative de la conscience : « la vie mentale est, avant tout, finalité » avec pour premier objectif la conservation de l’individu. Il s’oppose à l’associationnisme et dit qu’une idée qui reviendrait identique à elle-même est une conception impossible car celle-ci est forcément changée. Ce principe sera repris par les fonctionnalistes qui pensent que l’esprit ne peut pas être analysé car la conscience ne cesse de changer.

James constate que par l’introspection, on obtient autant de descriptions des émotions qu’il y a de psychologues : aucun accord quant à la classification des émotions. Il choisit alors de prendre comme point de départ de l’étude des émotions leurs manifestations somatiques (plutôt que les états de conscience). Il part de l’idée que ce qui survient d’abord sont des manifestations organiques et que la conscience de ces manifestations constitue l’émotion comme fait psychologique. James a été très influencé par la définition des émotions de Darwin (survivance des mouvements utiles). Au même moment, une théorie similaire avait été énoncée par Lange : théorie de James-Lange. James ouvre la voie à Watson qui n’étudiera que les faits somatiques. Finalement James laisse tomber la psychologie et se consacre à la philosophie.

Fonctionnalisme et structuralisme :

Aux USA, il y aura deux écoles aux débuts de la psychologie : le fonctionnalisme (héritage de James et de l’évolutionnisme) et le structuralisme (qui prend son origine avec Wundt et les philosophes associationnistes). Le fonctionnalisme est centré sur la notion d’adaptation à l’environnement et met l’accent sur l’utilité des actions mentales plutôt que le contenu de la conscience. Il s’intéresse aux différences individuelles et donc aux tests. Il s’intéresse à l’éducation et la psychologie appliquée. John Dewey (1859-1952) en fait partie, il est anti-associationnisme et dit que même le réflexe doit être pris dans une perspective de l’organisme global dans le but d’adaptation. James R. Angell et James M. Catell en font aussi parti. Catell construit les premiers tests. Stanley Hall (1844-1924) a joué un rôle institutionnel car il fonde en 1887 la première revue américaine de psychologie et en 1892 l’association américaine de psychologie. Il a invité Freud aux USA en 1909.

Concernant le structuralisme, Titchener en est le pilier. C’est un élève de Wundt et considère que le psychologue doit étudier la structure de l’esprit, en isoler les constituants élémentaires et découvrir leurs mécanismes. Selon lui, le structuralisme décrit l’esprit tel qu’il est et le fonctionnalisme se demande à quoi il sert. Titchener s’emploie à caractériser ce qui est commun à tous dans l’esprit humain.

John Broadus Watson (1878-1958) :

Il s’en tient à l’observable : le stimulus et la réponse. On le confond souvent avec Pavlov qui a mis en évidence le réflexe conditionnel. Watson se servira de ses travaux comme atome de base des mécanismes qu’il étudie. Tout comportement peut être analysé selon lui en petites séquences. Il reprend les lois associationnistes mais qu’il applique aux stimulus et réponses. Il accorde un rôle central à l’habitude. Le béhaviorisme a eu une grande importance pendant près de 40 ans et met le psychologue comme agent de contrôle social (prédire et contrôler). Selon Watson, il y a très peu de réponses innées chez l’homme : nous naissons tous avec les mêmes possibilités. C’est donc le milieu qui va modeler les comportements et donc un bon programme éducatif doit donner à tout le monde les même chances de s’insérer.

 

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