Histoire de la psychologie : CM n°2&3 Associationnisme, transformisme et évolutionnisme Les philosophes associationnistes anglais du 19ème siècle : James Mill (1773-1836) et son fils John Stuart Mill (1806-1873) ont pour objectif de développer une psychologie car ils pensent qu’il faut bien analyser les phénomènes de l’esprit pour servir de base à une logique (science des lois de la pensée). James Mill essaye de ramener tous les phénomènes psychologiques quels qu’ils soient à la sensation et aux lois de l’association des idées. Pour lui, tout ce qui régit nos sentiments et nos motivations n’est pas inné mais basé sur une échelle du plaisir et du déplaisir. Son fils John Stuart Mill a été très important dans l’histoire de la psychologie. Il a eu une énorme influence grâce à son ouvrage " système de logique " (1843) où il introduit sa psychologie. Il est moins schématiquement associationniste que son père et met en question l’aspect mécanique de la loi d’association en disant qu’il y a des cas où certaines idées ne résultent plus d’une association mécanique entre idées simples mais d’uns sorte de combinaison chimique (on ne peut donc plus distinguer les éléments simples). Il a servi de modèle à beaucoup de psychologues surtout français (qui prenaient modèle sur l’associationnisme). Theodule Ribaud a écrit " la psychologie anglaise contemporaine " où il vante la nouvelle psychologie introduite par Mill. Transformisme et évolutionnisme : Évolution s’oppose à révolution car il y a l’idée de changement progressif et continu (aussi bien dans le bon que dans le mauvais sens). Au 19ème siècle, il prendra la connotation de progrès. L’évolutionnisme est une philosophie adoptée par Spenger qui introduit la notion d’évolution universelle alors que le transformisme désigne deux courants scientifiques, ceux de Lamarck et de Darwin, et implique la théorie de transformation progressive des organismes vivants par descendance modifiée. Au 18ème siècle, on est convaincu que les sociétés humaines évoluent dans le sens du progrès avec une complexité et une perfection croissante. Lamarck (1744-1829) : Éléments biographiques et bibliographiques : Il croit au progrès et bénéficie des nouvelles connaissances en paléontologie ainsi que de l’intérêt pour le classifications (celle de Carl von Linné par exemple). Il a l’idée que le monde est beaucoup plus vieux que ne l’indique la Bible (pour Buffon, 1707-1788, le monde n’existe que depuis 74000 ans) et que l’évolution se fait sur de très longues périodes. Il débute en tant que botaniste et obtient en 1793 la création d’un muséum d’histoire naturelle (le Jardin des Plantes). Il enseigne la zoologie. A partir du moment où Bonaparte arrive au pouvoir (1799), il perd tous ses crédits pour son amitié avec Georges Cuvier (1769-1832), fixiste qui pensait que Dieu avait crée des espèces une fois pour toutes. La Terre aurait subit une série de cataclysmes (le déluge par exemple) et Dieu aurait crée d’autres espèces ensuite. Cette théorie rejette l’évolutionnisme et de nos jours, il existe encore des créationnistes s’y opposant. Entre 1802 et 1820, Lamarck publie ses principaux ouvrages dont " la théorie zoologique ". Le transformisme de Lamarck : Pour Lamarck, les êtres vivants peuvent se transformer et cette transformation va dans le sens du progrès et se fait en ligne droite : du simple vers le complexe et du moins parfait vers le plus parfait (pas de saut). Il y a deux facteurs de progrès :
Les descendants font perdurer et évoluer les nouvelles modifications jusqu’à créer une nouvelle espèce au bout d’un temps très long. Lamarck se défend de penser que l’Homme est une créature à part. Actuellement, on admet qu’il est impossible de transmettre des caractères acquis, il s’agirait donc à priori d’une théorie fausse mais c’est une théorie qui est longtemps restée. Charles Darwin (1809-1882) : Éléments biographiques et bibliographiques : C’est un anglais qui a été très influencé par son grand-père. Il voyage de 1931 à 1836 sur un navire nommé le Beagle, chargé de cartographier les côtes d’Amériques du Sud. C’est aux Galápagos qu’il commence à formuler sa théorie suite à des observations en tant que naturaliste. Sa théorie centrale est que des espèces qui se ressemblent possèdent un ancêtre commun. Ce n’est plus une évolution en ligne droite mais en arbre. Il pense par exemple que les différences peuvent venir de l’isolement géographique (pas les mêmes espèces d’une île à l’autre bien qu’elles se ressemblent). Il rentre en Angleterre mais ne publie rien par peur de l’église. Mais un jeune naturaliste, Wallace, lui envoie une théorie similaire à la sienne qu’il présente avec la sienne et se dépêche de publier en 1859 " l’origine des espèces " qui fait scandale. Il reprend à Lamarck le fait que les espèces évoluent lentement. Il doit beaucoup à Lyell, qui disait que la Terre évoluait aussi de manière continue (rejet de la théorie des cataclysmes de Cuvier). Cependant, pour Darwin, le mécanisme de l’évolution est celui de sélection naturelle. La sélection naturelle : Darwin reprend à Thomas Malthus (1766-1834), prêtre anglican, qui a publié un essai sur le principe de population dans lequel il dit que le décalage entre la croissance démographique et la production enraye le progrès social car la population augmentent plus vite que les ressources. Il faut donc que certains individus disparaissent et la survie des individus dépend de leur capacité : survivance du plus apte en fonction du milieu. Il introduit aussi la théorie des petites variations : différences, d’un individu à un autre, qui peuvent, compte tenu du milieu, être favorables, défavorables ou neutres. Le milieu va sélectionner les plus aptes de façon aveugle car on ne choisit pas nos capacités spécifiques. Pour Darwin, le progrès n’est pas nécessaire, il est juste constaté. Il n’y a pas de finalité à la sélection naturelle. Lamarck pense que l’évolution se fait en prenant en compte le rapport entre l’organisme et son milieu (rapport vivant à milieu) alors que pour Darwin, c’est une lutte pour la vie entre individus (rapport de vivant à vivant). Lamarck et Darwin sont par contre tous deux d’accord sur le temps long de l’évolution et le fait que l’homme descende d’une espèce inférieure ce qui ouvre la voie à la psychologie comparée avec l’animal. Pour Darwin, d’autres mécanismes entrent en jeu comme la transmission de caractères acquis et la sélection sexuelle (permet de conserver les relations individuelles favorables : mâles dominants, plumages des oiseaux mâles etc.) mais qui restent secondaires dans sa théorie. Il y a chez Darwin une sorte de psychologie dans " la descendance de l’Homme " (1871) où il montre des embryons des facultés humaines chez les animaux, ainsi que dans " l’expression des émotions chez l’Homme et l’animal " (1872) où il cherche à montrer qu’on trouve chez les animaux des expressions de leurs émotions que l’on trouve aussi chez l’Homme : continuité dans l’évolution entre l’Homme et l’animal. Herbert Spencer (1820-1903) : Éléments biographiques et bibliographiques : C’est un anglais qui est ingénieur des chemins de fer à 17 ans. Il s’intéresse à tous les sujets et a une culture encyclopédique. Il commence à publier sa théorie de l’évolution en 1855 dans " principes de psychologie ". Il publie ensuite " les premiers principes " et ainsi de suite pour former un ouvrage complet : " système de philosophie synthétique " qui touche à tous les domaines. L’évolutionnisme de Spencer : Pour lui, tout s’explique par la loi de l’évolution : tout ce qui existe évolue dans le sens du progrès et le progrès consiste en le passage d’une structure homogène à une structure hétérogène : diversification croissante. Il s’inspire de Von Baer, embryologiste qui dit que les embryons des espèces animales se ressemblent tous au départ (stade commun) puis se différencient par la suite. Spencer va étendre cette constatation à toute chose existante. Il fait l’analogie entre le corps humain et le corps social : cerveau, organes dominés. Pour lui, cette évolution est continue et il n’y a donc pas de sauts. La psychologie de Spencer : Pour Spencer, il n’existe pas de démarcation entre physiologie et psychologie mais une différence de degré. La vie mentale émergerait de la vie physiologique, ce qui implique qu’on ne peut pas dire où commence l’intelligence. L’objet de la psychologie est d’étudier les lois de succession entre les idées. Pour lui, il n’y a pas d’inconscient psychologique, car la psychologie n’étudie que les états de conscient : psychologie neurolitique. Spencer pense qu’on transmet nos acquis psychologiques à nos descendants. Selon lui, il y a des associations entre nos idées qui paraissent innées (association fumée-feu par exemple) qui nous ont été transmises par nos parents. Il y a, à travers les générations, une genèse de la conscience partant des instincts, vers la volonté, les sentiments etc. Conclusion générale sur les théories de l’évolution : La théorie de Spencer a été la plus traduite au 19ème siècle et a eu une très grande influence (malgré le fait qu’elle soit fausse). A son époque, il fallait justifier le libéralisme et l’individualisme par une théorie : survivance du " meilleur " (emprunt à Darwin) et non-prise en charge des moins aptes. C’est ce qu’on appelle, à tort, le darwinisme social (pourtant Darwin avait dit que chez l’Homme et certaines espèces, il y a des conduites altruistes provenant d’instincts sociaux qui contrecarrent la sélection naturelle et visent à protéger les plus faibles). La sociobiologie a tenté de déterminer la part de déterminisme biologique chez les animaux et ces théories ont été adaptées au comportement social de l’Homme. Application de l’évolutionnisme à la psychologie : l’évolutionnisme, de Spencer en particulier, va avoir beaucoup de conséquences en psychologie grâce à la loi de récapitulation (ou loi biogénétique fondamentale ou loi de Haeckel) selon laquelle l’embryon humain passe par des stades qui vont correspondre à la série hiérarchisée des embryons du règne animal (reproduction de l’évolution des espèces inférieures). Il y a donc une liaison de chaque étape du développement embryonnaire avec celui de l’espèce (récapitulation) : " l’ontogenèse récapitule la phylogenèse " (un mauvais développement proviendrait de l’arrêt du développement à un stade inférieur). Avec le transformisme et les théories de l’évolution, l’Homme est naturalisé et son origine cesse d’être distincte du règne animal : psychologie comparée. L’hypothèse de récapitulation va donner des raisons de s’intéresser à la psychologie de l’enfant car il fournit un résumé de l’espèce dans son évolution. On va aussi s’intéresser aux primitifs considérés comme des archives psychologiques de " l’Homme adulte blanc civilisé ". |