Histoire de la psychologie : CM n°1 Introduction Qu’est ce que l’histoire de la psychologie ? Deux ordres de notions sont abordés : des notions philosophiques et physiologiques. Les premiers psychologues étaient philosophes mais voulaient rompre avec la métaphysique. L’histoire de la psychologie commence au 19ème siècle, en particulier autour de 1870 avec l’apparition d’institutions consacrées à la psychologie. En Allemagne, le premier laboratoire de psychologie expérimentale est fondé par Wilhelm Wundt (1832-1920) en 1879. En France, la première chaire (poste de professeur) de psychologie est fondée en 1887 s’appelle " psychologie physiologique " et a été attribuée à Théodule Ribot (1839-1916). Le premier congrès international a eu lieu à Paris n 1889 et s’appelait " congrès de psychologie physiologique ". L’avènement de la psychologie est préparé par les philosophes empiristes du 17ème et 18ème siècle. L’empirisme et l’associationnisme : L’empirisme contre le rationalisme cartésien : L’empirisme se construit contre le cartésianisme de Descartes (1596-1650). Pour Descartes, la pensée est la même pour toutes les sciences. Ce que cherche Descartes c’est d’être sûr. La certitude de l’existence, Descartes l’appelle une idée claire et distincte et toute idée qui apparaît aussi clairement et distinctement que celle-ci, sera estimée vraie. Dans notre " âme ", il existe des idées claires et distinctes qui sont innées et c’est Dieu qui est le garant de ces idées. Les idées confuses viennent du corps, siège des passions. Pour Descartes et les rationalistes, l’expérience ne peut pas nous fournir toutes nos connaissances. C’est sur ce point que les empiristes vont contester Descartes. Pour eux, toutes nos connaissances nous viennent de l’expérience sensible. A la naissance, nous ne possédons pas d’idée, et notre esprit est comme une " table rase " : " il n’y a rien dans l’esprit qui n’ait d’abord été dans les sens ". L’empirisme naît en Angleterre au début du 17ème siècle. La première révolution limite le pouvoir du roi par le parlement et la deuxième révolution a lieu peu après. C’est une période de bouleversement que les philosophes suivent. Ils adopteront une philosophie de l’action pour que les actes soient efficaces, mieux gouvernés. Le premier empiriste est Francis Bacon (1561-1626), qui se demande comment fonder une science. Il critique la science de son temps et préconise de s’appuyer d’abord sur l’expérience et l’observation. Il cherche ensuite la façon de généraliser ces expériences. Pour lui, cette généralisation doit être faite avec prudence, ce qui l’amène au nominalisme : existe-t-il dans la réalité une essence d’un concept dans son ensemble ou juste des particularités (cf. notions de signifié / référent en linguistique). Ces essences n’existent que dans une dimension mentale. Si nous croyons qu’il existe des catégories générales, c’est un effet de langage car nous avons pris l’habitude de donner un même nom à des choses qui se ressemblent. Les empiristes, qui disent que tout vient de l’expérience, sont amenés à adopter le nominalisme : c’est nous qui forgeons les concepts et non Dieu qui a établi des essences. Thomas Hobbes (1588-1679) s’intéresse à la philosophie politique : comment les Hommes doivent-ils être gouvernés ? Il publie " Le Léviathan " dans lequel on trouve " l’Homme est un loup pour l’Homme ". L’Homme n’apparaît donc pas comme fait pour vivre en société mais qui préserve la paix pour rester en vie. Les Hommes font donc des contrats entre eux (comme ne pas s’attaquer) mais ils ont tendance à ne pas les respecter ; il faut donc les y obliger : Hobbes est partisan du pouvoir absolu. John Locke (1632-1704) : Il a étudié la philosophie et la médecine, et va être employé par un comte. Il sera forcé de s’exiler pour ses idées politiques. Il rentre en Angleterre après la révolution de 1688. Il a écrit en 1689 la " lettre sur la tolérance " et en 1690 " l’essai sur l’entendement (faculté de connaître) humain ", son œuvre majeure. Locke dit qu’on peut tolérer toutes les religions si elles ne sont pas contraires au but de la société politique. Pour lui, la doctrine des idées innées de Descartes est la doctrine du préjugé car elle nous amène à affirmer nos certitudes alors que tout nous montre que les principes ne sont pas les mêmes pour tous les Hommes. Si les idées étaient innées, ces principes devraient être universels (ce qui n’est pas le cas). Pour bien penser, il faut savoir comment nous viennent nos connaissances et d’où nous viennent nos idées fausses et la folie. Les connaissances doivent être justifiées et appuyées par l’expérience, ce qui garantit la tolérance et la paix sociale. Locke fait une analyse historique des idées, objets de la pensée. Il y deux sortes d’idées : celles des sensations (sens, internes) et les idées de réflexion (qui viennent de notre esprit). Les idées peuvent être aussi simples ou complexes. L’idée simple est l’élément minimal, l’atome de la pensée (il ne peut pas être décomposé, comme l’idée de " rouge " par exemple). Ces idées ce combinent entre elles pour former des idées complexes (par exemple, l’idée complexe d’une " cerise " associe le idées simples d’un goût, une couleur etc.). L’empirisme, c’est d’une part l’atomisme mental et, d’autre part, l’associationnisme : des idées simples se combinent en idées complexes mais les idées complexes sont liées entre elles selon des lois. S’il y a des lois, il y a alors un déterminisme de fonctionnement, ce qui est un fondement de la psychologie. Il y a des idées, qui ne correspondent à aucune expérience sensible, qui viendraient de liaisons fausses entre nos idées (un peu comme le principe de l’établissement des phobies). Ces défaillances viennent de la folie, qui concerne tout le monde. Locke a eu beaucoup de succès et a été considéré comme le précurseur des lumières. Il ouvre la voie à la psychologie comparée (avec l’animal). L’atomisme mental va servir de fondement à une conception mécaniste de l’esprit qu’on retrouve chez les psychologues associationnistes du 19ème siècle et même chez les béhavioristes. La philosophie des lumières : Au cours du 18ème siècle, se développe le mouvement des lumières qui proclame l’universalité de la raison. Mais ce n’est plus la possession d’idées innées mais le pouvoir de découvrir la vérité. Ce 18ème siècle est un siècle assez optimiste qui pense qu’on peut libérer l’individu des préjugés, des superstitions, de l’irrationnel, en lui apprenant à gérer son esprit. Ce mouvement va avoir des effets dans le champ médical. On voit un grand intérêt se développer pour le traitement de maladies mentales et des déficiences physiques et mentales (Pinel). On met au point, au 18ème siècle, une éducation spéciale pour les aveugles avec Valentin Haüy et pour les sourds-muets avec Jean Itard. La " psychologie " du 18ème siècle : Pour un homme de la renaissance, la nature est un être vivant possédant une âme et les êtres vivants y sont liés par une universelle sympathie. Avec Descartes, Galilée ou Gassendi, on aboutit dans le domaine des sciences au mécanisme, c’est à dire que la nature ne fait que fabriquer " en grand " ce que nous pouvons fabriquer en " petit ". Elle est considérée comme une machine que l’ont peut décrire en langage mathématique qui devient donc l’instrument de la connaissance. Mais ce mécanisme ne s’applique pas à l’âme, la pensée. Les empiristes anglais vont faire cette application. La conscience serait un jeu de forces dont on peut expliquer le fonctionnement avec l’associationnisme, selon un certain déterminisme. |